Parc
Le Sud de la France, tourmentée par les émeutes en banlieue de 2005. Georges Clou (Sergi López) vit avec son épouse et son fils au Parc, ville privée de la Côte d’Azur, l’un de ces paradis pour riches avec luxueuses villas, terrains de golf et nature préservée. Une famille heureuse en apparence (l’adolescent, tourmenté, se sent « comme un personnage de série télé » et menace de mort sa professeure), mais/car complètement coupée du monde. Élément perturbateur, Paul Marteau (Jean‑Marc Barr), riche héritier solitaire, décide de s’installer dans l’une de ces vastes demeures. Pas par goût ‑il hait en secret ces bourgeois‑, mais pour détruire Clou, incarnation parfaite du bonheur occidental basé sur le matérialisme et le désir de possession.
Avec Parc, adaptation du roman Les lumières de Bullet Park de John Cheever, Arnaud des Pallières, cinéaste politique et formaliste reconnu pour sa mise en scène inventive et son travail de dissociation entre son et image, prouve une nouvelle fois tout son talent de réalisateur, à grand renfort de hors‑champs, de « jump cut » et d’assemblages dissonants entre ce que l’on voit et entend.
Le réalisateur avait entre les mains l’histoire idéale pour livrer un véritable thriller sous haute tension doublé d’une critique amère de la société française, qui cherche de plus en plus à diviser sa population, mettant à l’écart les plus aisés. Las, le metteur en scène sombre dans la symbolique pachydermique, que l’affiche du film annonçait déjà comme un funeste présage. On aura rapidement deviné qu’une menace nommée Paul Marteau pèse sur Georges Clou (sic), métaphore qu’Arnaud des Pallières filera sans vergogne jusqu’à la fin de son (trop) long métrage. Pis, il favorisera toujours sa lourde symbolique (la tronçonneuse) au détriment de la logique de son récit, rendant du coup ses personnages plus bêtes qu’il ne nous les avait introduits.
Et pas question de se laisser aller et de verser dans le genre pur : comme souvent dans le cinéma français s’essayant au thriller, les codes sont tenus à l’écart, évités comme la peste. Mais, à force de s’en affranchir, un réalisateur comme Arnaud des Pallières prive son spectateur de scènes clefs (Clou et Marteau ne sont que rarement réunis à l’écran). On assiste donc à un spectacle dont la forme a englouti le fond, tellement figé qu’il en oublie l’essentiel : raconter une histoire et transmettre un discours.