par Carole Lépinay
09 mars 2020 - 16h08

Parasite

VO
Gisaengchung
année
2019
Réalisateur
InterprètesKang-Ho Song, Sun-kyun Lee, Yeo-jeong Jo, Woo-sik Choi, So-dam Park, Jeong-eun Lee
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Recommandé par l’un de ses amis étudiants pour enseigner l’anglais, Kim Ki‑Woo (Woo‑sik Choi) découvre l’opulence et le confort dans lesquels vivent les Park. Ses arguments convaincants profitent bientôt au reste de sa famille au chômage, laquelle se retrouve à exercer les fonctions de chauffeur privé, de gouvernante et de professeur d’art‑thérapie, sous couvert d’anonymat bien sûr, mais à quel prix ?


Après une parenthèse américaine (Snowpiercer, le transperceneige, Okja produit par Netflix), Bong Joon Ho revient à ses fondamentaux, à savoir le portrait au vitriol d’une société coréenne clivée qui n’a plus besoin d’un monstre émergeant d’un fleuve (The Host, 2006) pour précipiter sa perte. Les rapports de classe étant de toute évidence au cœur de la déflagration, le cinéaste illustre remarquablement son film en exploitant une topographie verticale, avec d’un côté le taudis au sous‑sol de la famille Ki‑Tae, et de l’autre, la somptueuse villa des Park. Si le riche employeur (Sun Kyun‑Lee), condescendant au possible, veille à ce que la limite ne soit pas franchie (entendez par là que les pauvres et les classes ultra‑favorisées ne jouent pas dans la même cour), il y a pourtant les manigances muées en lutte quotidienne, finalement menée à son insu par une famille d’imposteurs prête à tout pour avoir sa place au soleil.


Cependant, à les voir s’enivrer et saccager l’appartement cossu des propriétaires durant leur absence, on ne peut que constater le dysfonctionnement d’un hypothétique ascenseur social. Au contraire, la découverte d’un bunker vient alors forcer le trait d’un déterminisme promis à une inexorable descente aux enfers. Face à cet échantillon humain siphonné et grotesque (famille Park incluse), on hésite entre le rire et la consternation, en se remémorant l’humour grinçant des comédies italiennes comme Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola, pour ne citer que lui. Palme d’or & Co mérités.

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4k
blu-ray
cover
Gisaengchung
Tous publics
Prix : 34,99 €
disponibilité
28/02/2020
image
1 UHD-99 + 2 BD-50 + 1 DVD-9, 132', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS 2.0
Français Audiodescription
Coréen Dolby Atmos
Coréen Dolby TrueHD 7.1
Coréen DTS 2.0
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
10
10
image

Retour à la sublime demeure contemporaine des Park dont la beauté est réellement magnifiée par la 4K. Le jardin zen au vert déjà intense sur le Blu‑Ray est plus chlorophylle que jamais, gorgé de lumière façon tableau hyper‑réaliste. Magnifique.

 

Même chose à l'intérieur avec des zones plus précises pour des ambiances plus marquées, plus définies, plus contrastées, donc moins uniformes (l'éclairage autour de la table du séjour n'est cette fois pas le même que celui de la cuisine non loin de là, etc.). L'aspect monolithique de la vaste demeure est également amplifié, tranchant radicalement avec le lieu de vie insalubre de la famille Kim. La cave est elle aussi plus glauque, plus travaillée, plus nuancée. Les tonalités brunes sont plus détaillées, les noirs encore plus marqués.

 

En somme, un énorme gain en lumière et en brillance pour un rendu encore plus en phase avec les choix esthétiques du réalisateur et son directeur photo. Une comparaison sans appel entre le Blu‑Ray (pourtant magnifique, tournage Arri Alexa 65 jusqu'à 6.5K oblige) et cette version 4K (tout l'art du HDR10 + Digital Intermediate 4K).

8
10
son

Ne comptez pas sur Bong Joon Ho et sa tragicomédie en forme de thriller domestique pour vous endormir au tournant. Il ne se passe pas une seconde sans qu'un élément sonore ajoute au suspense. Vive, rapide, dynamique, nerveuse, cette bande‑son (identique à celle du précédent Blu‑Ray) en a véritablement sous le capot, d'autant plus en Dolby Atmos, piste la plus immersive et la plus agile lorsqu'il s'agit de nous surprendre au détour d'un couloir ou d'un escalier. 

 

Certes, les effets directionnels et toute hauteur ne sont pas légion mais cette VO bien dotée offre un rendu global très généreux, une précision machiavélique et du grain à moudre qui va crescendo pour les enceintes. Jolie puissance des graves par ailleurs.

10
10
bonus
- Le cercle de confiance, documentaire (65')
- Masterclass au Festival Lumière (79')
- Bong Joon Ho, les racines du mal, interview de Stéphane Charbit (22')
- Du story-board au film, analyse d'une séquence (7')
- Coulisses du doublage (25')
- Éclairage par Stéphane du Mesnildot (16')
- Teaser et bande-annonce
- Blu-Ray du film, Blu-Ray bonus, DVD du film

Toute l'équipe (réalisateur, directeur photo, production designer, producteurs, compositeur et acteurs) revient sur l'aventure singulière du film, une plongée au cœur du processus où sont abordées les notions de temps (le film trotte dans l'esprit de son auteur depuis 4 ou 5 ans), de « plan », de « ligne franchie », de ce qui est « montré/caché » à l'image ou encore de symbolique des objets. Bong Joon Ho explique pourquoi il a confié le développement de ses scénarios à deux co‑auteurs (ne garder que le meilleur et gagner du temps alors qu'il termine une autre production). En bonus, un petit focus sur les optiques allemandes des caméras permettant une précision hors du commun. 

 

Autre moment de cinéphile, la masterclass du réalisateur présentée par Bertrand Tavernier (grand admirateur du cinéma de Bong Joon Ho) et Didier Allouch au Festival Lumière 2019. Un must à ne pas louper, tout comme l'entretien de Stéphane Charbit avec Bong Joon Ho en marge du festival revenant sur la cruauté du monde montrée dans ses films, une vision quelque part héritée de Clouzot et Chabrol. 

 

Un peu plus loin, le story‑board monté en parallèle d'une scène du film permet de mesurer la mise en scène au cordeau et hyper‑cadrée du réalisateur à l'étape du papier. De même, un module sur le doublage français et plus précisément sur les particularités de doublage d'un film coréen, dit tout de la minutie opérée à chaque étape.

 

Enfin, l'analyse filmique de Stéphane du Mesnildot est intéressante à plus d'un titre : architeture du film, notion de haut et de bas, de petites gens et de bourgeois, importance des caves dans le cinéma de Bong Joon Ho, traits de caratère des personnages, on en apprend beaucoup et certains détails vous ont sûrement échappés.

 

Note maximale méritée pour l'ensemble des bonus, bien loin du blabla promo habituel.

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