Papa Was Not a Rolling Stone
Dans les années 80, Stéphanie grandit dans une cité de la Courneuve auprès d'une mère en mal de sa jeunesse et d'un beau‑père brutal. Grâce à sa passion pour les livres et la danse, grâce aussi à l'amitié de sa meilleure amie Fatima, Stéphanie décide de s'en sortir et de mener la vie qu'elle a rêvée.
C'est un film qu'on aurait aimé adorer. Un message de fraternité, d'espoir, une ode aux femmes, à leur courage et leur ténacité. Malheureusement, la trop grande proximité de la réalisatrice Sylvie Ohayon avec son sujet ‑le film raconte des souvenirs personnels encore très éprouvants, comme le montre le making of‑ la limite considérablement. Malgré un bon vouloir et une indiscutable énergie, la réalisatrice peine à sortir du registre de la démonstration, parfois même de la caricature (le beau-père de Stéphanie, contre‑emploi raté de Marc Lavoine).
En dépit de ces touchantes limites et d'une allure de conte un peu convenu, le film tient pourtant la route et arrive à destination grâce à un beau trio d'actrices. Doria Achour (Stéphanie), superbe de colère, de tristesse et d'espoirs retenus, apporte un mélange magique de légèreté et de gravité à son personnage. On tient là une actrice à suivre qui comptera dans le cinéma français dans les années à venir. Soumaye Bocoum, qui incarne Fatima, la meilleure amie de Stéphanie, révèle quant à elle un potentiel comique assez irrésistible : la jeune femme est, certes, servie par des dialogues et des répliques très drôles, mais rien n'aurait été possible sans un naturel et une sincérité inimitables.
On est enfin agréablement surpris par la partition subtile proposée par Aure Atika : son personnage de mère immature, que l'on croit juste esquissé dans le premier tiers du film, prend de l'épaisseur et des reliefs riches en émotion par la suite.