Pandora
1930, l’été s’achève à Esperanza, un petit village espagnol en bord de mer. Lors d’une sortie, des pêcheurs découvrent deux corps inanimés. Le professeur Fielding (Harold Warrender) se souvient de Pandora Reynolds (Ava Gardner), cette chanteuse américaine qui ensorcelait les hommes mais dont le destin était scellé à un mystérieux Hollandais volant (James Mason)…
Immense classique hollywoodien, Pandora d’Albert Lewin (cinéaste peu prolifique mais de grand talent, il réalise six films entre 1942 et 1957 dont Le portrait de Dorian Gray suivi de Bel Ami) a été écrit sur mesure pour Ava Gardner. Sensuelle et insaisissable, elle affiche la cruauté de la femme fatale qui pille le cœur des hommes pour connaître, à l’issue de sa rencontre avec l’énigmatique Henrick van der Zee, une sorte de romantisme flamboyant et sacrificiel emprunté au conte fantastique.
Car ce fabuleux récit revisite à la fois le mythe de Pandore et la légende du Hollandais volant apparue dans le folklore maritime au XVIIIe siècle. Maudit par les dieux, condamné à naviguer sur les océans pour l’éternité, van der Zee saura‑t‑il trouver le salut grâce à l’amour inconditionnel (et intemporel) de Pandora ?
Sublimé par la photographie en Technicolor de Jack Cardiff (chef‑opérateur attitré des films de Michael Powell, Le narcisse noir, Les chaussons rouges), ce chef‑d’œuvre merveilleusement restauré est un enchantement visuel qui emprunte aussi bien aux peintres surréalistes qu’à l’expressionnisme d’Orson Welles. Ici, les personnages évoluent dans des décors majestueux, au milieu de statues et de fantômes du passé, et acquièrent une dimension mythologique. Un classique à redécouvrir d'urgence.