Pacific Rim
Voici sans doute l'un des blockbusters de monstres (ou kaiju-eiga) les plus réjouissants de ces dernières années qui, même s'il n'a pas atteint les cimes espérées du box‑office, restera sans doute dans les mémoires cinéphiles comme un antidote salutaire à ces dizaines de films de super‑héros balourds et traumatisés que Hollywood produit désormais à la chaîne.
Pacific Rim, et là réside son charme principal, ne cherchait pas à faire en 2013 de la métaphysique de bazar en slip moulant (Man of Steel) ou toutes griffes sorties (l'atroce Wolverine), ni de froncer les sourcils à chaque plan afin de nous faire croire que l'action maousse d'un bonhomme tout vert (Hulk) ou tout noir (The Dark Knight Rises) vaut un traité philosophie de Kant.
En véritable amoureux et fin connaisseur du genre, Guillermo Del Toro (Hellboy, Le labyrinthe de Pan) a voulu réaliser un fantasme d'enfance, une série B inventive et remplie à ras bord, en bref, fabriquer un jouet rutilant et généreux grâce aux 200 millions de dollars confiés par Warner. Chose devenue rare, Pacific Rim ne provient pas de la énième adaptation d'un comics fond de tiroir, mais est tiré d'un scénario original dont la substance tient sur un ticket de métro : soit la rencontre entre l'univers des kaiju eiga ‑ces films de monstres japonais façon Godzilla ou Rodan‑ et le film de robots.
De quoi s'agit‑il ? Dans les années 2020, la Terre est devenue le champ de bataille favori d'une guerre entre des monstres sous‑marins colossaux et les Jaegers, des robots tout aussi dévastateurs construits par les humains pour se protéger. C'est tout. Et c'est formidable. Pendant plus de deux heures, Del Toro enchaîne les séquences d'action à un rythme effréné, empile les trouvailles visuelles et scénaristiques (le drifting, cette opération qui accorde les Jaegers à leur pilote humain) et trouve toujours un moyen de se renouveler (de ce point de vue, c'est l'anti‑Transformers).
Enfin, Pacific Rim saute magnifiquement d'un registre à un autre, du film de combat au mélo (séquence magnifique de cette petite fille poursuivie par un monstre dans un Tokyo dévasté), et redore le blason de la série B et de son esprit.