Oxygène
Quand une jeune femme se réveille dans un caisson hermétique, sans plus aucun souvenir de qui elle est, ni où elle est, ni pourquoi elle est là, l'expérience déjà terriblement angoissante devient carrément flippante quand le niveau d'oxygène de ladite cabine tombe à 30%, soit 40 minutes de sursis.
Le premier challenge du nouveau long métrage d’Alexandre Aja (Crawl) est de maintenir notre intérêt ‑voire le faire monter en pression‑ sans quasiment jamais quitter l’intérieur d'un caisson de 3 m3. Un postulat de départ qui impose une série d'artifices, malheureusement pas tous égaux en crédibilité et en efficacité, à commencer par le fait que l'héroïne a perdu la mémoire, une astuce bien pratique qui permet au scénariste de multiplier les questions et d'étirer au maximum les réponses. Au cinéma, on appelle ça un MacGuffin, un terme inventé par Alfred Hitchcock pour désigner un élément du scénario voué à disparaître le plus vite possible de notre mémoire, « étouffé » par la présence d'autres éléments censés prendre le dessus.
Dans le film d’Aja, le MacGuffin en question est d’autant plus évident que l'amnésie du personnage principal n’est jamais expliquée. Un « détail » qui n'empêche pas Mélanie Laurent de faire des merveilles et de participer pour beaucoup à l'intérêt que l'on porte à l'intrigue, parfois poussive (première partie), parfois pachydermique (le piano, le banc dans le champ de fleurs… au secours), mais quand même prenante quand l'échelle passe enfin de l'infiniment petit à l'infiniment grand.
Mais le gros point faible d'Oxygène est sans conteste son manque d'émotion puisqu'il faudra attendre les deux dernières minutes du film pour enfin être touché. Grand modèle du film, le Gravity d'Alfonso Cuarón offrait une véritable réflexion sur le deuil qui menait à un pic émotionnel époustouflant. Celui d’Aja repose sur une intrigue un peu courte qui laisse quand même beaucoup de questions sans réponse.