Où va la nuit
Un jour, à force de mauvais traitements, Rose Mayer (Yolande Moreau) décide de tuer son mari. Elle quitte alors le domicile familial pour se rendre à Bruxelles auprès de son fils, loin de se douter de l’acte de sa mère. Une fois la menace conjugale définitivement éloignée, la femme brimée se met en quête de sa propre voie. Néanmoins, le passé peut‑il être complètement révolu ?
Après Séraphine (2008), Martin Provost tente d’explorer les liens qui soudent ou déciment une famille tiraillée par des non‑dits, et filme le passage thérapeutique de la case rurale à celle de la grande ville, transition presque suicidaire de l’espace infernal (qui chosifie la femme) aux reproches d’un fils, aussi sensible qu’indiscernable. Comme si Rose ne devait jamais s’affranchir de sa culpabilité. Tuer un monstre pour aller mieux, mais tuer quand même.
Dans Ou va la nuit, il s’agit, de toute évidence, de points de vue multiples qui ne concordent que très rarement. Ainsi, la police traque le criminel potentiel, le fils est à la limite du reniement maternelle puis, miracle de l’arbitraire, l’ultime main tendue provient d’une sphère anonyme. Soit une petite chambre à louer dans l’espoir d’une échappatoire dont la tenancière (magnifiquement interprétée par Edith Scob), femme solitaire, semble déjà tout savoir. Solidarité féminine ou humaine oblige, elle décide de conforter Rose dans sa cavale déceptive. Une belle histoire de survie qui ne compte aller nulle part.