OneRepublic : Live in South Africa
OneRepublic est un de ces groupes dont la popularité étonne toujours, tant elle paraît irréaliste et lointaine. Elle semble même surprendre ses membres, qui aiment à raconter leur parcours avec des trémolos dans la voix. C'est d'ailleurs ainsi que commence ce Live in South Africa, filmé en 2015 vers la fin de la tournée de leur troisième album Native. Sur fond d'images de Johannesburg, la voix off d'un membre nous susurre : « Il y a sept ans, nous avons joué ici mais nous n'étions alors qu'un groupe qui essayait de se faire un nom en première partie de Maroon 5. Aujourd'hui, c'est comme si la boucle était bouclée... ». En dehors même de la douce absurdité de cette déclaration (on imagine mal un petit groupe vraiment inconnu faire la première partie de Maroon 5 dans un autre hémisphère que le sien), celle‑ci résume bien le ronron émotif d'une formation dont le seul fait d'armes est d'avoir été le premier groupe à atteindre le milliard de vues sur YouTube.
Face à un public particulièrement jeune que la réalisation a tendance à filmer très longuement (les deux réalisateurs Scot McFadyen et Sam Dunn sont des habitués de la télévision, on leur doit le très bon documentaire musical Story of Metal), ce Live in South Africa nous propose pas moins de 18 chansons du répertoire de OneRepublic, interprétées avec minutie et enthousiasme par un groupe auquel il serait difficile de reprocher quoique ce soit, tant il est à peu près tout ce que le pop peut offrir de plus inoffensif à notre époque. Une mixture puissamment quelconque de jérémiades mélodramatiques très gentilles, venant se placer sans vergogne dans la filiation de Coldplay ou U2, l'inventivité en moins (si l'on excepte l'ajout d'un violoncelle, de temps à autre).
Aussi épicé et subtil qu’un grand bol de mayonnaise, OneRepublic est le stade terminal d’un rock de stade confortablement installé dans un cocon où se répètent sans fin les mêmes mélodies, les mêmes quatre accords et les mêmes émotions consensuelles. Impossible donc de retenir quoique ce soit de ces 90 minutes d'un show sans relief, sans audace, sans fulgurances mais sans grandes fautes non plus à part celle de l'ennui poli. Une collection de tubes interchangeables (Counting Stars, If I Loose Myself) devant une mer de fans faisant des grands sourires. Il n'y aura sans doute que ceux‑là qui pourront prendre du plaisir devant un tel live. Les autres, circulez, il n'y a rien à voir (ni à entendre).