par Cédric Melon
09 décembre 2019 - 21h45

Once Upon a Time… in Hollywood

année
2019
Réalisateur
InterprètesLeonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Emile Hirsch, Margaret Qualley, Timothy Olyphant
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Comme l’indique son titre, le dernier film de Quentin Tarantino s’inscrit dans une démarche de conte. Une vision rêvée de Hollywood et du cinéma, fantasmée et assumée par le plus grand représentant de la pop culture cinéma actuelle. Un ovni cinématographique maîtrisé du début jusqu'à la fin, merveilleuse. Son meilleur film.

 

Tout commence à Hollywood en 1969 avec l'acteur Rick Dalton (Leonardo DiCaprio, excellent) qui, soutenu par Cliff Booth (Brad Pitt, la coolitude incarnée), sa doublure cascade de toujours, essaie inlassablement d'éviter de devenir un acteur has been. L'industrie du cinéma est alors en pleine mutation et la transition vers le Nouvel Hollywood semble inexorable, le western vit alors ses derniers instants. Rick Dalton a d'ailleurs pour nouveaux voisins deux des plus illustres représentants de la nouvelle génération, la jeune comédienne et très prometteuse Sharon Tate (Margot Robbie) et son mari Roman Polanski, qui vient de signer l'immense succès cinéma Rosmary's Baby.

 

En maître des horloges, des destins et de la vie de ses personnages, Quentin Tarantino fait preuve d'une audace incroyable. Et comme il n'en est pas à son coup d'essai ‑il a déjà démontré qu’il était capable de tout, y compris de dessouder Hitler en 1942 dans Inglourious Basterds‑ on se demande encore comment certains découvrent encore aujourd'hui son incroyable capacité à tordre la réalité pour mieux l’incorporer à son récit. Et cette fois‑ci, il s'attaque non pas un simple fait divers sordide (le meurtre de Sharon Tate enceinte de six mois par une bande d'illuminés sectaires), mais bien au point nodal qui fera basculer Hollywood et le monde entier dans une réalité implacable.

 

Et si Rick Dalton n'avait pas été là ce soir‑là ? Et s'il n'était pas cet acteur du passé qu'il pense être mais plutôt une référence ? Tarantino livre une utopie collective cathartique et une vision cinématographique d'un monde qui le hante. Un monde qui continuerait de nous faire rêver sur pellicule, un monde où les décors, les doublures, les effets spéciaux et bientôt les acteurs, ne sont pas en image de synthèse…

 

Quel plaisir de voir Tarantino malmener Leonardo DiCaprio à travers son personnage d’acteur en plein doute, au point de le faire mal jouer la comédie. Quel bonheur de voir Brad Pitt en maître du cool, flegmatique, charmeur, dans un de ses meilleurs rôles. Quelle merveille de se plonger dans le regard plein d’innocence de Margot Robbie, qui n’a de cesse d’étonner par son naturel déconcertant et ses capacités de transformation, prouvant une fois de plus qu'elle sait et peut tout faire. Enfin, quelle jouissance de voir éclore la pleine maturité de la réalisation de Tarantino, capable de nous faire naviguer entre western, film de karaté, série B, horreur pure (séquence d'un régal dévastateur avec lance‑flammes surpuissant et pitbull sur les dents), comédie, policier et drame mélancolique.

 

Descendu par les adeptes de la critique expéditive en 150 signes, eux‑mêmes étrillés par le réalisateur et critique Jean‑Baptiste Thoret, Once Upon a Time… in Hollywood est déjà une référence et ne donne qu'une envie une fois le dernier plan (totalement renversant) terminé, recommencer aussitôt. N'en déplaise à la génération qui aura vu la disparition d'une certaine idée du cinéma.

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test
4k
cover
- de 12 ans
Prix : 29,99 €
disponibilité
14/12/2019
image
1 UHD-99 + 1 BD-50, 161', toutes zones
2.35
UHD 2 160p (HEVC)
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français Audiodescription
Anglais DTS-HD Master Audio 7.1
Anglais Audiodescription
Allemand DTS-HD Master Audio 5.1
Espagnol DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, anglais, anglais pour sourds et malentendants, arabe, danois, néerlandais, finnois, allemand, norvégien, espagnol, suédois, turc
10
10
image

Le savoir‑faire de Tarantino en matière de graphisme et d'esthétisme n'est plus à prouver, créant à chaque fois des univers nouveaux influencés par le meilleur du cinéma mondial. Son dernier film enfonce un clou supplémentaire avec une sophistication nouvelle, jamais too much, baignant dans une lumière et des couleurs incroyables, révélée ici par le prisme d'une 4K Ultra HD (Digital Intermediate 4K) absolument somptueuse.

 

Le grand directeur de la photographie Robert Richardson (Kill BillCasino, Aviator, Hugo Cabret, Django Unchained), qui a travaillé à de nombreuses reprises avec Tarantino, signe une image à la fois fluide et millimétrique dotée de couleurs saturées et d'une lumière au bord de la surexposition, presque féerique, entrecoupée d'extraits de westerns en N&B plus vrais que nature.  

 

Toutes les fautes de goût et la pâle copie de l'époque sont évitées pour une plongée à la fois mélancolique et festive dans la fin des années 60, marquées par l'arrivée de la vague hippie. Stylisme et montage savants, timing malin (les westerns traînent parfois volontairement en longueur), Once Upon… est un festival à lui tout seul aux reflets mordorés, sublimé par un HDR10 brillant gorgé de rouges denses saturés, appuyant encore davantage les éclats de lumière et les décors d'un âge d'or du cinéma appartenant déjà au passé. Sublime.

8
10
son

De la magnifique bande‑son, véritable flux musical pour s'immerger dans le récit et une époque révolue, la reprise de California Dreamin' par José Feliciano est sans aucun doute le titre qui marque le plus, parfaitement fondu dans une séquence mémorable. Cherchant en préproduction à ressentir les ondes des lieux et de l'époque, Tarantino s'est immergé dans les archives d'une radio californienne des années 60 pour en capturer toute authenticité, repérant ses décors en écoutant en boucle des pépites de l'époque. Un procédé qui explique à quel point la bande‑son est merveilleusement intégrée au film, partie prenante du récit.

 

Par ailleurs, pas besoin d'en faire trop côté effets et basses, la VO DTS‑HD Master Audio 7.1 se montre amplement suffisante avec sa richesse Surround très active pour le trip tarantinesque au pays de Hollywood. Compte des performances des acteurs, la VF ne peut rivaliser, surtout en 5.1.

 

Un voyage musical dansant aussi cool que le cascadeur Cliff Booth (personnage largement inspiré par la doublure de Burt Lancaster et certainement un peu par le batteur des Beach Boys). Once Upon… a good good vibration.

3
10
bonus
- 20 minutes de scènes supplémentaires, dont les 10 minutes de la ressortie cinéma (20')
- La déclaration d’amour de Quentin Tarantino à Hollywood
- Bob Richardson : pour l’amour du cinéma
- Entre spécialistes : les voitures de 1969
- Recréer Hollywood : les décors
- La mode de 1969

La séquence complète de Leonardo Dicaprio en crooner de ces dames qui n'y croit pas vraiment et surtout un pétage de plombs d'un hippie allumé face à un Brad Pitt stoïque : deux excellentes scènes coupées et/ou rallongées, les autres étant plus dispensables.

 

N'ayant pas reçu de la part de l'éditeur le Blu‑Ray contenant les autres bonus, nous ne pouvons commenter ni noter les autres suppléments.

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