Omar m'a tuer
On se souvient de cet étrange fait divers qui défraya la chronique sociale et judiciaire au début des années 1990 : le 24 juin 1991, Ghislaine Marchal est retrouvée morte, dans la cave de sa villa, à Mougins. Sur le mur, des lettres écrites en lettres de sang accusent Omar Raddad (« Omar m’a tuer »), son jardinier. Celui‑ci est arrêté et écroué à la prison de Grasse. Sept années passent, Raddad est gracié (et non innocenté) et sort de prison. Mais aux yeux de la justice, il reste coupable.
En 2006, l’acteur Roshdy Zem passe pour la première fois derrière la caméra et signe un film qui, au détriment de la mise en scène (sans inspiration, statique, digne d’un téléfilm), fait la part belle aux acteurs, et en particulier à Sami Bouajila, qui incarne avec conviction Raddad.
Sur le fond, le film ne prend pas de risque et situe son « J’accuse » moderne du côté de la défense : soit une sorte de message humaniste avec lequel on sera tous d’accord. Zem se concentre sur les faiblesses du dossier de l’accusation, sur les erreurs de procédure, la destruction de preuves qui ont pu conduire à cette erreur judiciaire, et en tire une morale plutôt attendue : Raddad fut, dans une France hantée par le spectre du racisme et de la beaufitude, un épouvantail, un bouc émissaire commode. Dont acte.