Olivia Ruiz : miss météores live
De tous les candidats de la Star Academy, peu ont marqué durablement les mémoires et les médias. On peut citer Jenifer et sa variété commerciale vaguement teintée de pop, ainsi que la charmante Élodie Frégé, qui a su bien s’entourer avec Benjamin Biolay et vient de livrer un sympathique troisième album dont on peut féliciter l’écriture et l’élégance.
Mais il y a surtout Olivia Ruiz, sans doute celle qui a su le mieux se forger une véritable identité et un univers singulier, qui ont capté l’attention de la critique (même Les Inrocks ont été conquis !) et du public, puisqu’elle faisait partie des dix chanteurs français les mieux payés en 2009, et a vendu plus d’1 million d’exemplaires de son second album, La femme chocolat.
Son troisième opus, Miss météores, a fait l’objet d’une version live captée au Zénith de Nantes en décembre 2009, que nous découvrons sur ce DVD. Ceux qui ne goûtent guère au timbre un brin nasillard de la chanteuse n’y trouveront pas leur compte. En revanche, les amateurs de la version studio de l’album auront plaisir à en redécouvrir les chansons, richement réorchestrées, et à contempler la belle aux origines espagnoles revendiquées, mini‑bête de scène débordant d’énergie.
Il y a du bon (Elle panique, Les crêpes aux champignons ou Belle à en crever) et du plus dispensable dans ce live (Mon petit à petit), dont on ressent l’influence de Mathias Malzieu (leader de Dionysos et accessoirement compagnon de Ruiz) dans les compositions. La chanteuse, auteur d’une majeure partie des textes, semble entretenir plus d’un point commun avec l’homme qui partage sa vie, affichant clairement son inclinaison pour les fantaisies sombres de Tim Burton (la scie musicale employée à plusieurs reprises n’est pas sans rappeler le theremine, ce fameux instrument utilisé pour évoquer des ambiances étranges dans le cinéma fantastique) et les tourments de l’enfance, se livrant à ce sujet dans la chanson Peur du noir. Même son apparence, quelque part entre la danseuse de flamenco épicurienne et la poupée gothique, est une sorte d’hybride de ses diverses influences, mélange du soleil méditerranéen et des fables délicieuses d’un Roald Dahl.
Elle souffle donc le chaud et le froid. Toujours bohème, espiègle, Olivia Ruiz a le mérite de rester fidèle à elle‑même, tout en renouvelant son répertoire et en élargissant ses horizons musicaux. Si on peut lui reprocher son accent anglais (elle chante dans la langue de Shakespeare à cinq reprises) mais féliciter son espagnol, il faut reconnaître l’effort fourni par la jeune femme, tant au niveau du jeu de scène que de l’écriture. Pour le prochain album, on espère toutefois plus de variété dans les mélodies vocales, marquées par son style, mais qui frisent parfois la rengaine dans leur phrasé. Quoi qu’il en soit, c’est un petit bout de femme audacieux qui parvient à durer dans le paysage musical français.