Oh Boy
Vingt‑quatre heures pleines de rebondissements dans la vie d’un pré‑trentenaire, Niko Fischer (Tom Schilling), qui n’aspirait pourtant qu’à savourer sereinement un café.
Dès son réveil, une rupture express inaugure la série des tuiles existentielles, toutes plus cauchemardesques que celles qui précédent : retrait de permis suite à un inquiétant diagnostic psychiatrique, compte bancaire à sec car le père ‑pourtant fortuné‑ ne consent plus à renflouer son existence oisive, et retrouvailles pour le moins explosives avec une ancienne obèse du secondaire.
La précarité précipitée de Niko le projette dans Berlin au gré de ses errances et brasse un échantillon intergénérationnel, où il est question d’Histoire et de diverses façons de l’appréhender. Ainsi, l’insouciance juvénile du jeune homme entre perpétuellement en collision avec la mémoire du nazisme. Un ami acteur interprète un SS amoureux d’une jeune fille juive dans une bluette décalée, tandis que le monologue meurtri et aviné d’un sénior rappelle les moments noirs de cette période.
Ce n’est donc pas un hasard si le réalisateur Jan Ole Gerster emprunte certaines composantes issues de la Nouvelle Vague : photographie bichrome, bande‑son jazzy et situations absurdes, toutes tendues vers la seule réalité viable, la conscience de la finitude.