Oblivion
Il faisait partie, avec Pacific Rim de Guillermo Del Toro, des blockbusters que l’on attendait au tournant en 2013, avec une pointe d’enthousiasme : après sa version très classe et high‑tech du Tron des années 1980, Joseph Kosinski semblait, a priori, tout désigné pour piloter ce récit de SF old school, soit un roman graphique qu’il a lui‑même écrit, un récit à la fois désenchanté (la Terre de 2077 n’est plus qu’un champ de ruines et de sable) et stimulant.
Et tout commence bien, très bien même : Tom Cruise incarne ici Jack Harper, une sorte de sentinelle du futur, plombier et guerrier, réparateur de drones perché dans un refuge‑maison d’où il surveille un bout de région, avant le grand départ de l’humanité vers Titan, une lune de Saturne. Mais avant le voyage, il s’agit d’emmagasiner suffisamment d’énergie et de résister aux assauts des derniers aliens responsables du massacre de la Terre.
Esthétiquement, le film reprend la ligne épurée de Tron l'héritage, avec ses décors presque déserts, ses couleurs grises et bleutées. Visuellement, le film réussit son pari. Mais au bout d’une demi‑heure, on baisse de régime : flanqué d’un scénario aussi prévisible que répétitif (douze flashback pour expliquer une chose que l’on avait comprise depuis le début), Oblivion se contente d’empiler les références, de La planète des singes à Matrix en passant par l’incontournable monolithe noir du 2001 de Kubrick, et laisse dans le ciel de son projet quelques beaux éclats (la séquence de poursuite aérienne entre Cruise et des drones, la piscine suspendue).
Hormis Tom Cruise, qui se débat comme il peut pour donner un peu de chair à son personnage, les autres acteurs débarquent dans le film en potiches (Olga Kurylenko, Zoe Bell), jusqu’à l’apparition en cameo de Morgan Freeman, aussi grotesque qu’inutile. Une déception d’autant plus grande que tout avait très bien commencé.