Nymphomaniac
Voici enfin la version tant attendue, celle désirée par Lars von Trier depuis le début pour son film Nymphomaniac (cliquer pour accéder à notre critique). Celle qui a fait le buzz alors que personne ne l'avait vue, celle interdite aux moins de 18 ans. Un Director's Cut non censuré long de 5h25 qui ne fera définitivement pas plus apprécier le film à ses détracteurs, mais qui confirmera le sentiment de ses adorateurs, voire qui fera pencher la petite balance intérieure de ceux qui hésitent encore.
À quoi faut‑il s'attendre ? À plus de scènes de sexe crues, c'est entendu, mais montrées de manière moins abrupte, permettant à chaque fois de justifier leur présence au sein d'un film plus cohérent (et sans faux raccords). Certaines d'entre elles apportent plus de drôlerie (Charlotte Gainsbourg et ses deux étalons), d'autres une sensation de réalisme accru (des plans pudiquement recadrés sont élargis de manière à ne laisser aucun doute fictionnel quant aux auteurs de l'acte qui se déroule sous nos yeux, alors que d'autres semblent tout droit sortis de manuels médicaux, voire de vidéos chirurgicales).
D'une manière générale, le film gagne en théâtralité (la conversation entre Joe et Seligman), en clarté et en régularité, qu'il s'agisse des idées développées avec davantage de profondeur (la toute‑puissance de la nature par exemple) ou de l'envie de briser les tabous et de pousser le spectateur dans ses derniers retranchements (l'avortement maison, insoutenable). Sur ce point‑là, Lars von Trier réussit haut la main et vous laisse opérer votre propre censure, ou pas.