Novembre
Novembre, le dernier film de Cédric Jimenez, s’attaque à un sujet grave : la traque des terroristes dans les heures et les jours qui ont suivi les attentats du 13 Novembre à Paris. Pour ce faire, il bénéficie d’une base solide, autrement dit un scénario ultra‑documenté d’Olivier Demangel et un casting hautement attractif avec entre autres Jean Dujardin, Sandrine Kiberlain et Anaïs Demoustier.
En quelques minutes, nous voilà propulsés sans ménagement dans les coulisses d’une enquête policière hors normes que le réalisateur de Bac Nord filme avec beaucoup de savoir‑faire. Entre cadrages nerveux et travellings impulsifs sur le périphérique, scènes de filature sous tension (en cité notamment, meilleure séquence du film) et un assaut filmé de manière stroboscopique, Novembre réserve quelques moments de tension immersives du plus bel effet. Le souci, c’est qu’il est aussi entrecoupé de longues enfilades de baies vitrées, de bureaux et d’écrans de contrôle dans des salles de réunions sans vie où des fonctionnaires qui font leur boulot peinent à devenir autre chose que des personnages sans relief ni aspérité.
Peu d'émotion
Il y a bien un petit dérapage dans une salle d’interrogatoire, un petit coup de fil à la famille, le manque de sommeil et une remontrance dans un bureau pour tenter de faire rentrer un peu d’humanité dans tout cela, mais on reste toujours en surface. L’émotion ne prend jamais le pas sur la reconstitution des faits. Faits que, pour la plupart, on connaissait déjà par voie de presse et que le scénario ne malmène jamais. Pas de parti pris osé ou subversif, ni de remise en question ou d’interrogation à la Oliver Stone dans JFK ou Costa Gavras dans Z. Pas de personnage faillible à la Maya (Jessica Chastain) dans Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow (dont Novembre est très proche dans la construction).
Pas de prise de risque
Cédric Jimenez ne prend aucun risque avec son sujet, reste sur l'exposition des faits comme le ferait un journaliste appliqué de BFM. Novembre est au final un docu‑fiction nerveux et bien fichu qui, en dehors de ce qu'on savait déjà, ne raconte rien. C’est d’autant plus dommage qu’on y était presque. On sent bien que Jean Dujardin en a encore sous la pédale et que le personnage d’Anaïs Demoustier, s’il avait été plus ‑et mieux‑ développé aurait pu donner au film ce petit supplément d’âme ‑de fiction‑ qui aurait fait de Novembre un grand film. Dommage.