Nous trois
Dans la France de 1972, Sébastien, un petit garçon de 6 ans, réalise que son père, inventeur quelque peu farfelu, délaisse sa mère, belle institutrice. Il voit en Philippe, leur nouveau voisin qui vient d’emménager avec sa compagne, le papa idéal, celui qui rendrait sa maman heureuse. Sébastien devient alors le témoin de la relation adultère qui naît devant ses yeux…
Si les premières minutes de Nous trois semblent nous mener tout droit sur le chemin balisé du récit nostalgique doux‑amer sur fond de reconstitution soignée, le scénario apporte peu à peu des éléments subtils qui, en douceur, confèrent de la profondeur à ce récit ordinaire d’adultère. Basculant sans crier gare de la chronique familiale au drame, le long métrage s’attache surtout à mettre le spectateur à la place du narrateur, Sébastien, 6 ans, qui observe avec ses yeux d’enfant la complexité des relations entre adultes, et les interprète à sa manière. La mise en scène respecte discrètement mais avec intelligence ce parti pris.
La subtilité du propos n’aurait sans doute pas autant de prégnance sans des comédiens au diapason. En l’occurrence, aucune fausse note à déplorer au sein du casting réuni par Renaud Bertrand. Emmanuelle Béart est parfaite en femme dévorée par une passion qu’elle ne peut assouvir, Jacques Gamblin amusant et touchant en inventeur lunaire et coupé de la réalité, et le petit Nathan Georgelin, qui incarne Sébastien, joue avec beaucoup de naturel. Avec cette belle alliance entre fond et forme, scénario et acteurs, Nous trois réussit à conserver cet équilibre fragile entre drame et comédie. Une œuvre sensible à défaut d’être inoubliable.