Northwest
Casper, 18 ans, vit avec son cadet Andy et sa famille dans Nordvest, l’un des quartiers les plus pauvres de Copenhague. Il survit en revendant à un caïd local, Jamal, le fruit d’occasionnels cambriolages. Un jour, Bjorn, vrai gangster, dealer et proxénète, s’installe dans le quartier. Casper croit voir là une occasion de monter en grade et entraine Andy dans son sillage.
Filmé caméra à l’épaule, dans la lumière crue d’un quartier pauvre et sous les néons menteurs des boîtes de nuit, ce film est une tragédie moderne minimaliste, une histoire vieille comme le monde de deux jeunes gens qui vont faire des choses stupides puis atroces et en payer le prix. On le sait dès le départ et pourtant on se prend Northwest en pleine face.
Dès les premières minutes, la vue caméra à l’épaule pourrait pourtant faire croire à un vulgaire avatar du tétanisant Pusher de Nicolas Winding Refn. Le fait d’avoir vraiment tourné dans ce quartier pauvre de la capitale danoise peut aussi laisser craindre un « film de banlieue » racoleur ou à message. Mais Michael Noer, jeune réalisateur dont Northwest est la seconde œuvre, est bien plus malin et plus créatif que cela. Il filme à hauteur d’homme, son cinéma épouse des pulsations quasi physiques parce qu'il s’intéresse avant tout à ses personnages. Noer filme en énergie. Noer filme à l’os. Et il filme bien.
Pas question dès lors de s’éparpiller dans une violence racoleuse. Noer tourne juste ce qu’il faut ‑laissant l’essentiel hors champ‑ mais n’hésite pas à affronter plein cadre des scènes autrement plus intenses car purement humaines. Telle cette pétrifiante séquence du moment de vérité de Casper, caché derrière un mur une arme à la main, ou celle, déchirante, des adieux du jeune homme à sa petite sœur Freya.
L’essentiel du casting du film est amateur ‑les deux acteurs principaux sont vraiment frères dans la vie‑ et ça se voit, non dans l’approximation de leur jeu mais dans leur générosité sidérante et leur aisance confondante dans l’improvisation. On espère vraiment que Gustav Dyekjaer Giese (Casper) et son frère Oscar (Andy), s’ils poursuivent au cinéma, sauront préserver leur énergie et leur capacité à se livrer corps et âme à la caméra. On espère surtout qu’après ce film splendide, Michael Noer aura la longue et belle carrière qu'il mérite.
Sur un même thème, on pourra aussi revoir le très beau Submarino du Danois Thomas Vinterberg.