Normandie nue
C'est la panique à Le Mêle‑sur‑Sarthe, petit bourg du Perche où les agriculteurs se meurent. La faute aux politiques, à la crise, à l'Europe, à une production gorgée de chimie de plus en plus décriée, le film de Philippe Le Guay n'en dira pas plus, là n'est pas le sujet.
Le réalisateur des Femmes du 6e étage (2011) s'attache une fois de plus à étudier un petit microcosme, ici le monde rural, dès lors qu'une cause censée rassembler finit par désunir. D'autant qu'un grand photographe conceptuel s'est mis en tête de faire poser tout le village nu comme un vers dans un champ du coin. Une idée pour le moins clivante. Georges Balbuzard (François Cluzet), le maire qui a voué sa vie à son patelin et ses habitants, y voit l'opportunité de capter l'attention des médias. Mais rien ne va se passer comme prévu.
À trop vouloir jouer avec les clichés, dénoncer sans trop écorner, Philippe Le Guay accouche d'une comédie gentille qui ne dit au fond pas grand‑chose des difficultés des paysans, du vieux schéma qui pousse certains d'entre eux à s'endetter et à mourir à petit feu, parfois mourir tout court.
Quelques bonnes idées (le Parisien ‑François‑Xavier Demaison‑ ravagé par les allergies mais qui persiste à croire en un retour aux sources salvateur) mais aussi une réelle difficulté à nous faire entrer dans l'histoire dès le début du film, avec une scène de manifestation peu crédible. Malgré un scénario sans surprise, le casting ‑François Cluzet en tête‑ ne lâche rien. Heureusement.