Norah Jones - Live at Ronnie Scott's
Heureuse bulle d’air frais que ce live de la pianiste et chanteuse Norah Jones, capté en septembre 2017 à Londres dans l’antre du Ronnie Scott’s Jazz Club. Une salle à taille humaine, où le public semble à portée de main avec sa petite scène délicatement éclairée. Là, un trio de musiciens complices suffit pour nous offrir 90 minutes suspendues et intimistes.
Revenue en 2016 avec l'album Day Breaks aux ambiances feutrées d'un Come Away With Me qui l’avait révélée il y a déjà 16 ans, Norah Jones avait alors fait le choix de défendre ce nouvel opus sur scène dans une formation plus minimale qu’à l’accoutumée, se focalisant sur les clubs de jazz et piano‑bars de ses débuts. C'est donc à un show tout en simplicité que nous convie l'artiste, revisitant avec beaucoup de sensibilité un beau florilège de titres de son répertoire (dont le toujours entêtant Don't Know Why) en appuyant sur leurs racines jazz et soul, tout en s'essayant à deux reprises assez représentatives du pont artistique qu'elle a toujours souhaité construire : Duke Ellington, avec Fleurette Africaine, et Neil Young pour son bluesy Don't Be Denied.
Aux côtés de la pianiste, nous offrant un timbre de voix toujours aussi feutré et délicat au micro, un duo rythmique de choc. Le batteur Brian Blade tout d'abord, dont la présence discrète sur ces ballades délicates n'est pas à sous‑estimer, apportant un groove méticuleux aux morceaux ainsi qu'une bonne humeur communicative avec ses mimiques enthousiastes. Et le bassiste Christopher Thomas qui volerait presque la vedette à Norah Jones : passant de la basse électrique à la contrebasse, des doigts à l'archet au fil des humeurs, il vient habiller le moindre morceau de lignes de basses rondes et précises, pleines de glissandos impeccables. Des camarades avec lesquels Norah Jones semble beaucoup s'amuser, comme en témoignent les regards complices et autres brefs échanges entre les morceaux.
Rares sont d'ailleurs les documents live comme celui‑ci qui laissent le show tel quel, dans son jus, comme quand Christopher Thomas décide d'interrompre un morceau en plein milieu pour changer de manière de jouer de la contrebasse : pas d'esbroufe, pas de triche. Juste une petite bande de musiciens qui prennent du bon temps à jouer ces quelques ritournelles délicates, transformées pour l'occasion en terrains de jeu jazzy. Et le plaisir est communicatif.