Ninja Assassin
Orphelin, le jeune Raizo est recueilli par le clan Ozunu, qui forme depuis des générations d’impitoyables assassins ninjas. Le garçon devient rapidement l’élève le plus prometteur, mais il se révolte contre la brutalité de son maître. En fuite, pourchassé par ses anciens frères d’armes, Raizo, devenu adulte, devra s’allier avec Mika Coretti, un agent d’Europol, pour vaincre le clan Ozunu…
Les frères Wachowski continuent d’exploiter leur fascination pour la culture populaire asiatique. Après la trilogie Matrix, qui s’inspirait du cinéma d’action et d’arts martiaux hongkongais, et Speed Racer, adaptation survoltée d’une série animée nippone, voilà qu’ils s’attaquent à la figure du ninja, ces légendaires assassins de l’ombre venus du folklore japonais, à l’origine d’une abondante cinématographie au Pays du Soleil Levant, et d’un courant américain ayant marqué les vétérans de l’époque des cinémas de quartier et des VHS avec les productions Cannon (American Ninja, etc.). Toujours associés au producteur nabab Joel Silver, ils chargent leur « disciple » James McTeigue (à qui ils avaient déjà confié l’adaptation mi‑figue mi‑raisin de V pour Vendetta) de diriger ce Ninja Assassin survitaminé, pour un résultat qui n’entrera ni au panthéon du genre, ni à celui du 7e Art tout court, mais qui respecte à la lettre son cahier des charges : des ninjas, de l’action et du sang. Beaucoup, beaucoup de sang.
Dès la séquence d’ouverture, festival de mutilations gore en images de synthèse, le ton est donné : Ninja Assassin n’aura rien d’un film sérieux sur les méthodes discrètes et furtives des tueurs japonais. Le ton est résolument orienté comic-book (le coscénariste J. Michael Straczynski est une autorité dans ce domaine), et greffe à une intrigue très légère un maximum d’affrontements, de cascades et de poursuites. Et en la matière, l’équipe chargée des scènes d’action assure le spectacle. Si l’interprète principal, la pop star coréenne Rain, est d’une rare inexpressivité dans les séquences de comédie, il est en revanche impressionnant dès qu’il s’agit de découper des bras et fracasser des crânes (ou l’inverse). Filmées avec un joli sens de l’espace et évitant le surdécoupage qui gangrène la plupart des productions actuelles, les scènes de combats alternent les techniques, misent beaucoup sur les capacités athlétiques des acteurs et arrosent généreusement le plateau d’une hémoglobine tellement virtuelle qu’elle ne traumatisera pas grand‑monde. Au passage, James McTeigue et ses chorégraphes empruntent quelques plans au 300 de Zack Snyder, qui a décidément profondément marqué le langage cinématographique du début XXIe siècle en termes d’action.
Que retenir d’autre de Ninja Assassin ? À vrai dire, pas grand‑chose. Le grand film moderne sur le sujet reste encore à faire, mais pour qui sera venu chercher un divertissement spectaculaire et régressif, le contrat est rempli. Cerise sur le gâteau pour les fans : la présence du grand Shô Kosugi, star japonaise incontestable du genre qui marqua les années 80 de son empreinte.