par Nicolas Bellet
21 octobre 2024 - 18h31

Nikita

année
1990
Réalisateur
InterprètesAnne Parillaud, Tchéky Karyo, Jean-Hugues Anglade
éditeur
genre
sortie
15/10/2024
notes
critique
7
10
A

Le braquage d'une pharmacie par une bande de junkies tourne mal et cause la mort de plusieurs personnes dont un policier, abattu par Nikita. Condamnée à la perpétuité, elle est un jour recrutée par Bob qui, après l’avoir fait passer pour morte, la contraint à travailler secrètement pour le gouvernement.

Femme forte
Nikita est sorti en 1990. À presque 35 ans, le quatrième film réalisé par Luc Besson est toujours aussi fort et peut‑être même plus, quand on voit les dérives d’une certaine jeunesse actuelle. Le réalisateur, qui vient de réaliser Le grand bleu, est alors à son apogée. Léon et Le cinquième élément, qui lui succéderont, sont bien évidemment des films qui ont marqué, mais doivent beaucoup à Nikita. Avec ce film, Luc Besson inaugure sa période « femmes fortes ».


Nonobstant les récentes accusations dont il fait l’objet, il est clair que la femme armée (ou non) qui explose tout autour d’elle fut longtemps une constante dans sa filmo (Léon, Jeanne d’Arc, The Lady, Adèle Blanc‑Sec, Lucy…). On ne peut nier son savoir‑faire pour sublimer ses actrices et surtout leur offrir des personnages forts. Nikita est assurément la matrice de cette obsession du réalisateur qui, depuis, n’a jamais vraiment réussi à créer un personnage aussi limpide et aussi fort que cette paumée qui se reconstruit dans la violence pour mieux trouver l’amour. Il fallait oser !


Il faut d’ailleurs rendre justice à sa compagne de l'époque, Anne Parillaud, qui trouvera là le rôle de sa vie (et accessoirement un César). Elle est formidable de bout en bout, visiblement très impliquée dans le rôle qu’elle avait au départ refusé. Nikita, c’est elle ! Et ce ne sont ni les remakes US ou hong‑kongais, ni les séries dérivées, qui pourront nous contredire.


Film faible
Nikita marque l’entrée du cinéma dans les années 90, décomplexées et pleines d’esbroufe. Le film en est un parfait exemple, mix entre réalisme et stylisation. Les scènes d’action n’ont pas pris une ride, certains cadrages ont depuis fait école et le tout sans recours aux SFX numériques d’aujourd’hui.


Le scénario (un exercice qui n’a jamais été le fort de Besson) a pris avec le temps un petit coup de calendrier. Déjà à l’époque, il paraissait un peu lent, distillant parcimonieusement les moments forts entre de longues séquences plus faibles mais au charme indéniable du fait des seconds rôles excellents (Jeanne Moreau, Tchéky Karyo, Jean‑Hugues Anglade).


Nikita est un film qui prend son temps et qui fonctionne toujours. Il a juste maintenant un petit charme suranné. Ah le Paris des 90’s… On le revoit avec plaisir puisque les lacunes du scénario, et même sa parfois mièvrerie (pour ne pas dire sa naïveté), sont largement compensées par la maîtrise de la caméra. En tout cas, Nikita est sans aucun doute ce que Luc Besson a fait de mieux à ce jour : une sublime déclaration d’amour de cinéaste à sa compagne.

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4k
cover
Prix : 24,99 €
disponibilité
21/10/2024
image
1 UHD-66, 116', couleurs
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Français DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français, anglais pour sourds et malentendants
8
10
image

On l'a dit plus haut, le savoir‑faire Luc Besson est indéniable (très beau plan accéléré de la balle qui part sur sa cible, par exemple) et cela se ressent tout au long de cette revoyure 4K. D'abord la photographie de Thierry Arbogast n'a pas vieilli, ensuite la copie a été restaurée dans les règles de l'art. Tous les défauts ont disparu. Certes, le rendu est légèrement doux comparé aux productions récentes, mais il est généreusement texturé, tournage 35 mm oblige, tout en gagnant franchement en définition.

 

La luminosité du HDR Dolby Vision fait briller cette image de près de quarante ans d'âge, et le fait avec beaucoup de minutie. Les couleurs fluo du début, les canaux à Venise, la petite tenue rouge et blanche de Nikita, les graff à la bombe, tout paraît plus frais, plus proche de nous, plus chaleureux. Le travail de remasterisation a visiblement boosté les couleurs sans tomber dans l'excès. Quant aux quelques plans légèrement flous, on préfère les oublier tant ils ne gâchent en rien le spectacle.

Une ode à trois acteurs que l'on aurait tellement aimés voir encore davantage briller dans le cinéma français : Tchéky Karyo, Jean‑Hugues Anglade et Anne Parillaud.

7.5
10
son

Erreur de jaquette ou indication volontaire, le prétendu 5.0 est bel et bien une piste DTS‑HD Master Audio 5.1 décodée comme telle par l'amplificateur. Cela dit, le mixage 5.1 reste anecdotique avec des enceintes surround à l'arrêt. En revanche, le caisson de basses vient supporter régulièrement l'action même si on l'aurait souhaité plus présent encore. Au final, on profite d'un mix 3.1 et non 5.1. La musique d'Éric Serra emporte quant à elle tout sur son passage et monopolise, dans le bon sens du terme, l'image. Forcément, la VF 2.0 n'est pas si loin de la bande‑son multicanale même si tout passe logiquement par les frontales.

5
10
bonus
- Au cœur de Nikita (25')
- Nikita Tour (14')
- Bande-annonce

Un making of très sympathique entre scènes de tournage atmosphériques montées sur de la musique et moments véritablement bruts, volés depuis les coulisses ou le plateau, comme lorsque Luc Besson dirige ses figurants avant de tourner la scène du restaurant au Train Bleu. 

 

On suit ensuite l'équipe d'avant‑première en avant‑première, visiblement les dernières images disponibles de ces événements accompagnant la sortie du film. On est surpris de voir le réalisateur et les acteurs se dire au revoir devant le cinéma à l'issue d'une présentation, repartant chacun en voiture devant le regard médusé du public. Une telle scène n'est plus possible aujourd'hui. Passage un peu gênant, quand quelqu'un du public demande à Luc Besson d'où lui est venue l'idée du film. Pas de réponse de l'intéressé. 

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