Nikita
Le braquage d'une pharmacie par une bande de junkies tourne mal et cause la mort de plusieurs personnes dont un policier, abattu par Nikita. Condamnée à la perpétuité, elle est un jour recrutée par Bob qui, après l’avoir fait passer pour morte, la contraint à travailler secrètement pour le gouvernement.
Femme forte
Nikita est sorti en 1990. À presque 35 ans, le quatrième film réalisé par Luc Besson est toujours aussi fort et peut‑être même plus, quand on voit les dérives d’une certaine jeunesse actuelle. Le réalisateur, qui vient de réaliser Le grand bleu, est alors à son apogée. Léon et Le cinquième élément, qui lui succéderont, sont bien évidemment des films qui ont marqué, mais doivent beaucoup à Nikita. Avec ce film, Luc Besson inaugure sa période « femmes fortes ».
Nonobstant les récentes accusations dont il fait l’objet, il est clair que la femme armée (ou non) qui explose tout autour d’elle fut longtemps une constante dans sa filmo (Léon, Jeanne d’Arc, The Lady, Adèle Blanc‑Sec, Lucy…). On ne peut nier son savoir‑faire pour sublimer ses actrices et surtout leur offrir des personnages forts. Nikita est assurément la matrice de cette obsession du réalisateur qui, depuis, n’a jamais vraiment réussi à créer un personnage aussi limpide et aussi fort que cette paumée qui se reconstruit dans la violence pour mieux trouver l’amour. Il fallait oser !
Il faut d’ailleurs rendre justice à sa compagne de l'époque, Anne Parillaud, qui trouvera là le rôle de sa vie (et accessoirement un César). Elle est formidable de bout en bout, visiblement très impliquée dans le rôle qu’elle avait au départ refusé. Nikita, c’est elle ! Et ce ne sont ni les remakes US ou hong‑kongais, ni les séries dérivées, qui pourront nous contredire.
Film faible
Nikita marque l’entrée du cinéma dans les années 90, décomplexées et pleines d’esbroufe. Le film en est un parfait exemple, mix entre réalisme et stylisation. Les scènes d’action n’ont pas pris une ride, certains cadrages ont depuis fait école et le tout sans recours aux SFX numériques d’aujourd’hui.
Le scénario (un exercice qui n’a jamais été le fort de Besson) a pris avec le temps un petit coup de calendrier. Déjà à l’époque, il paraissait un peu lent, distillant parcimonieusement les moments forts entre de longues séquences plus faibles mais au charme indéniable du fait des seconds rôles excellents (Jeanne Moreau, Tchéky Karyo, Jean‑Hugues Anglade).
Nikita est un film qui prend son temps et qui fonctionne toujours. Il a juste maintenant un petit charme suranné. Ah le Paris des 90’s… On le revoit avec plaisir puisque les lacunes du scénario, et même sa parfois mièvrerie (pour ne pas dire sa naïveté), sont largement compensées par la maîtrise de la caméra. En tout cas, Nikita est sans aucun doute ce que Luc Besson a fait de mieux à ce jour : une sublime déclaration d’amour de cinéaste à sa compagne.