My Sweet Pepper Land
Muté au fin fond des montagnes kurdes, Baran (Korkmaz Arslan) entend bien exercer sa profession de commandant en toute honnêteté et dans le respect des lois. Govend (Golshifteh Farahani), jeune institutrice, arrive simultanément dans le village isolé. Tous deux ne tardent pas à être seuls contre tous, car les trafiquants du coin, dirigés par le redoutable Aziz Aga (Tarik Akreyî), ne prônent ni la justice, ni le caractère émancipé de la jeune femme.
C’est avec les codes du western que le cinéaste Hiner Saleem (Si tu meurs, je te tue, Kilomètre zéro) évoque la situation et les mœurs de son pays. Certes, l’espace américain a laissé la place aux plaines verdoyantes du Kurdistan, mais le tripot du coin, qui donne son nom au film, et le goût avéré de Baran pour Elvis Presley, attestent de l’influence de l’Ouest.
Au-delà de ces clins d’œil, les protagonistes vont pourtant devoir s’incarner en parias justiciers. Puisqu’ils partagent le même amour, les deux décident de revendiquer leurs droits. Pas une seule fois Baran ne ploie sous les menaces d’Aziz, qui s’obstine dans les trafics au nom d’une immunité séculaire et des valeurs archaïques. En dépit de ses frères, Govend continue, elle, de dispenser l’éducation des jeunes enfants grâce auxquels s’accomplissent les prémisses de sa liberté.
Plus qu’une guerre des clans à cheval et armés, Hiner Saleem introduit une lutte des mœurs au sein de ce que nomme l’un de ses personnages « le triangle des Bermudes ».