My Own Love Song
Après l’immense succès obtenu par La môme et l’Oscar de Marion Cotillard, Olivier Dahan a donc succombé aux sirènes de Hollywood. Résultat, un tournage en Louisiane avec un casting 100% américain : Forest Whitaker dans le rôle d’un pompier miné par un incendie qui a tourné au vinaigre, et René Zellweger, ex‑Bridget Jones devenue ici chanteuse dépressive en fauteuil roulant, à la suite d’un accident qui lui a coûté sa carrière et son jeune fils.
Mais une lettre qui révèle l’existence, quelque part, du fils si longtemps pleuré, va permettre à Joey et Jane d’unir leur solitude. On pourrait en conclure un peu hâtivement que Dahan, comme l’essentiel des cinéastes européens posant leur caméra sur le sol américain, s’est laissé gagner par le syndrome du road‑movie, filmant l’Amérique comme une gigantesque carte postale. Pourtant, si l’on se souvient de la trajectoire d’Isabelle Huppert dans la formidable Vie promise, qui repartait elle aussi sur les routes de son passé, My Own Love Song retrouve cette même forme de parcours élégiaque, lyrique, qui, en dépit d’un sentimentalisme parfois too much, possède un souffle indéniable.
Esthétiquement et musicalement (Bob Dylan à la composition) très soigné, le film de Dahan progresse entre des paysages majestueux et une nature filmée comme autant d’hallucinations colorées, conférant à l’épopée intime de ces deux paumés une authentique beauté.