Musée haut musée bas
Aujourd’hui, comme tous les jours, ils sont des milliers à se croiser dans les salles de ce grand musée parisien, à emprunter ces escaliers courbes dans le plus grand désordre, à passer de l’art primitif aux installations contemporaines, à chercher l’entrée du parking, la sortie de la buvette ou les tableaux de Kandinsky.
Il y a ce groupe de provinciaux réacs menés par Gérard Jugnot qui, en quête des tableaux impressionnistes, déblatèrent des propos racistes, il y a ce guide qui devient fou à force de répéter le nom de Gauguin à des touristes anglaises qui ne le comprennent pas, il y a ces gardiens de musée qui vivent l’étalage du beau comme une agression quotidienne et puis ce directeur phobique (Michel Blanc, formidable) qui traque sans répir les moindres traces de Mère Nature (plante, herbe, terre, insecte…), que celle-ci va lui renvoyer comme un boomerang sous la forme d’une catastrophe climatique. Belle allusion au débat fondateur qui opposa si longtemps les historiens de l’art (l’art comme imitation servile de la nature ou affranchissement radical ?).
Film choral, mosaïque, où défile tout le gotha du cinéma français (il faut également citer Guillaume Gallienne, Yolande Moreau, Fabrice Lucchini, Daniel Prévost, Valérie Lemercier, Josiane Balasko…), Musée haut musée bas fut d’abord une pièce à succès montée par Jean-Michel Ribes au théâtre du Rond-Point en 2004.
Sur grand écran, restent les bons mots, le plaisir de voir évoluer des personnages hauts en couleur, les restes (pas toujours probants) de l’humour propre à la série Palace, mais la succession de vignettes, aussi réjouissantes soient-elles, tire peu à peu le film vers la performance théâtrale. Et la caméra qui tournoie partout mais en vain ne masque pas le statisme de l’ensemble.