Mumu
Cela faisait plus de vingt ans que Joel Séria, cinéaste truculent et joyeusement anar dans les années 1970 (Les galettes de Pont‑Aven, Charlie et ses deux nénettes), avait disparu du grand écran. Avec Mumu, titre aussi sexy qu’un tube de Guy Béart, Séria puise dans ses propres souvenirs, entre enfance brimée et passion pour une enseignante revêche mais touchante.
Mumu, c’est l’inverse campagnard des Choristes et de sa vision rance d’une France ripolinée : ici, les gamins pré‑pubères font les 400 coups, les pions tapotent sur les doigts des mômes mais ne provoquent que rigolades en chaîne, et l’institutrice Mumu (Sylvie Testud), matrone d’une pension religieuse des Deux‑Sèvres en 1947, provoque l’admiration de Roger, 11 ans, qui l’adopte bientôt comme mère de substitution.
Avec le temps, Séria s’est assagi et son Mumu possède une humeur bon enfant que le Séria de l’époque aurait sans doute gentiment brocardée. L’ensemble évoque plutôt une version rétro de La guerre des boutons croisant Les disparus de Saint‑Agil, le tout flanqué d’un casting impeccable, de Testud à Jean‑François Balmer, sans oublier Dominique Pinon, la trogne fétiche des films de Jeunet. Frais, un brin nostalgique et ensoleillé.