Monuments Men
Vers la fin de la Seconde guerre mondiale, un petit groupe de spécialistes de l'art est chargé de retrouver et restituer les trésors artistiques pillés par les Nazis un peu partout en Europe. Leur mission n'est pas forcément compatible avec l'avancée militaire vers Berlin et le temps est compté : Hitler a ordonné la destruction de tout ce qui a été volé en cas de défaite de l'Allemagne.
Un film qui laisse totalement interdit. Comment un réalisateur habile (George Clooney), épaulé par des acteurs solides et doté d'un sujet en or, a‑t‑il réussi à composer une œuvre aussi désincarnée que Monuments Men ? Clooney réalisateur paraît d'ailleurs lui‑même s'en rendre compte : le récit, constamment expliqué et surligné par une voix‑off, est par ailleurs littéralement inondé par la musique d'Alexandre Desplat. Une musique qui envahit tout, comme une nappe grasse de pétrole. Une composition de surcroît plus que hors‑sujet puisque le talentueux compositeur a décidé ‑coup de folie ?‑ de loucher effrontément dans le décolleté des compositions de John Williams pour Il faut sauver le soldat Ryan.
À l'écran peu de choses : personnages à peine esquissés ou purement gratuits (Jean Dujardin), esprit de groupe absent, ambiance, époque et action en encéphalogramme plat. Mais on remarquera que lorsque Clooney réalisateur, au lieu de remplir le vide à coup de voix off et de trémolos, fait un peu confiance à ses acteurs comme passeurs d'émotion, quelque chose survient. Une scène un peu banale de nostalgie dans un camp devient poignante grâce à Bill Murray. Une séquence de séduction ratée prend une délicate saveur douce‑amère grâce à Cate Blanchett. Clooney lui‑même, quand il s'en donne les moyens, réussit à donner une intensité toute particulière à une scène d'interrogatoire d'un SS.
Comme tout créateur, George Clooney a le droit de se prendre de temps en temps les pieds dans le tapis. Il est juste dommage que ce gadin soit arrivé ici tant le sujet et le casting de Monuments Men paraissaient prometteurs.