par Nicolas Bellet
24 septembre 2024 - 08h00

Monsieur Aznavour

année
2024
Réalisateurs
InterprètesTahar Rahim, Marie-Julie Baup, Bastien Bouillon
éditeur
genre
sortie salle
23/10/2024
notes
critique
5
10
A
© Antoine Agoudjian
© Antoine Agoudjian
© Rémi Déprez
© Rémi Déprez
© Caroline Bazin
© Caroline Bazin
© Caroline Bazin
© Caroline Bazin
© Caroline Bazin
© Caroline Bazin
© Tukimuri
© Tukimuri
© Antoine Agoudjian
© Antoine Agoudjian
© Antoine Agoudjian
© Antoine Agoudjian
© Antoine Agoudjian
© Antoine Agoudjian
© Sohemm
© Sohemm
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Fils de réfugiés arméniens à la voix voilée et à la petite taille, Charles Aznavour n’en est pas moins devenu un monument de la chanson, alors qu’on lui promettait un avenir sombre dans le métier. Le film retrace son ascension des années 1950 jusqu’aux années 80.

Wiki biopic
Après Bob Marley et Amy Winehouse (et avant Bob Dylan et Bruce Springsteen), voici donc Charles Aznavour. La mode est assurément aux biopics musicaux et force est de constater que personne n’arrive pour le moment à vraiment renouveler le genre. Monsieur Aznavour, le film de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, ne déroge pas à la règle. Le film est scolaire, hagiographique, sans réel parti pris. La Sacem va certainement plus bénéficier du film que la cinéphilie. La légende Aznavour n'en sortira pas écornée, mais aurait mérité mieux. 


Car malheureusement, Monsieur Aznavour transpire de son ambition internationale (Netflix oblige), calibré comme une compil' best of insipide. Chaque standard du grand Charles apparaît dans le film illustré par un morceau de sa vie, ou inversement dans une profusion de redondances finalement très risibles et sans aucun recul. She résonne quand il rencontre Ulla, sa dernière femme ; Je me voyais déjà, quand il fait son premier Olympia ; Les deux guitares, quand le film évoque son enfance dans les cafés…


Il en ressort un film aseptisé et insipide où la personnalité a minima ambitieuse (voire opportuniste) d’Aznavour n’est que vaguement évoquée et bien édulcorée. Bien sûr, l’homme n’est pas raconté sans quelques défauts, mais ceux‑ci sont toujours présentés de manière ironique, histoire de ne pas écorcher le mythe, au contraire. À force de vouloir nous rappeler qu’Aznavour était génial (il a écrit pour Johnny, il a obtenu un cachet égal à Frank Sinatra, il fut samplé par Dr Dre, il est LA star internationale qui a parcouru le monde…), le film en devient énervant alors qu’objectivement, oui, Aznavour était hors normes ! Vers la fin du film, son mal‑être et son insatisfaction maladive percent quelque peu, mais noyés dans un pathos très hollywoodien.

 

© Tukimuri

© Tukimuri


For me formidable
Reste que si on oublie (ce qui est assez difficile) le De‑Aging (rajeunissement numérique) de Tahar Rahim au début du film et son maquillage qui tend davantage vers Nougaro qu’Aznavour, il impressionne de mimétisme. Les mimiques, les intonations, les mouvements d’épaules…. Tout y est, c’est assurément bluffant, son implication est totale. Mais, c’est aussi très froid. Tahar ne joue pas, il imite. À la perfection certes, mais sans véritable humanité. Terrassé sans doute par le poids du monstre sacré qu'il incarne.


Curieusement, ce sont plus les prestations de Bastien Bouillon et Marie‑Julie Baup que l’on retient du film. Le premier est génial en Pierre Roche, ami des débuts d’Aznavour, et la seconde extraordinaire en Édith Piaf gouailleuse et cassée par la vie. Ils nous touchent par des interprétations qui allient nuances et caricature que l’on est en droit d’attendre dans ce genre de projet. À eux seuls, ils valent le film. Malheureusement, ils n’apparaissent que durant la première partie.

 

Certes, Monsieur Aznavour est un film best of tout à la gloire de son personnage principal, qui a objectivement eu une vie folle. Il n’en demeure pas moins un extraordinaire travail musical et artistique avec les voix de Rahim et d'Aznavour qui se mélangent sans cesse au point que le profane arrête rapidement d’essayer de les différencier.


Les reconstitutions historiques (hormis les passages new‑yorkais) sont splendides, surtout la période de l’Occupation et de la Libération (sans doute le véritable sujet du film). On sent l’amour des deux réalisateurs pour les reconstitutions léchées. Malheureusement trop souvent leur caméra n’est pas dans l'humilité. Le film abonde de mouvement audacieux à la Soif du Mal, en mode « regardez ma dextérité et mes beaux plans ». Inutile : le film est déjà visuellement très beau. N’est pas un monstre sacré qui veut…

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