Moi, Tonya
Enfant prodige du patinage artistique, Tonya Harding (Margot Robbie, Le loup de Wall Street) va pourtant provoquer la fin de sa carrière en 1994 avec l’agression préméditée de l’une de ses concurrentes, Nancy Kerrigan (Caitlin Carver).
Adulée puis rejetée par l’Amérique entière, Tonya Harding semblait avoir une prédisposition pour les trajectoires d’étoile filante. Il faut dire que la gamine intègre le milieu encore élitiste du patinage sous l’autorité d’une mère abusive (Allison Janney, impeccable, la clope indéfiniment clouée au bec) et poursuivra son ascension flanquée d’un époux (Sebastian Stan) violent et pas très finaud.
Si ses origines white trash transparaissent à travers des justaucorps faits maison et un choix musical tranchant net avec le classique (Sleeping Bag de ZZ Top lors d’une compétition, il fallait le faire), Harding a su convertir la frustration et les manquements nés avec celles‑ci en une rogne nécessaire pour atteindre les sommets. De cet instant magique où elle devient la première à tenter et réussir le triple axel (une figure complexe et redoutée) au coup monté qui provoquera sa chute et finalement concocté par son mari, Craig Gillespie joue la carte de l’interrogatoire face caméra.
Sur un ton décalé, le biopic frise l’enquête rétrospective tandis que les témoignages amers mais parfois désopilants de l’entourage nous ramènent dans les années 90. L’ancien « vilain petit canard » interdit à vie de patinage raconte, avec une savoureuse autodérision, comment passer de l’incarnation du rêve américain à l’incarnation de l’Américain tout court.