À moi seule
Après huit années de captivité, Gaëlle (Agathe Bonitzer) est soudainement libérée par son ravisseur. Mais cette liberté retrouvée ne va pas de soi : comment rattraper ces années manquées auprès de ses parents ? Comment s'intégrer à ce monde extérieur que, du fond de sa prison dorée, elle n'a pas vu évoluer ?
En débutant son film avec une libération inattendue, Frédéric Videau (Variété française, Le fils de Jean‑Claude Videau) offre à sa jeune héroïne le champ de tous les possibles. Néanmoins, la tentative de reconstruction exige et entraîne forcément la résurgence de ces années d’enfermement, d’où la récurrence de flashback, souvenirs doux‑amers qui la ramènent à la seule bulle qu’elle n’a jamais connue. Dehors, chaque bouffée d’oxygène se paie contre la conscience d’être loin du monde. Un monde encore habité par l’image persistante de Vincent (Reda Kateb), à la fois unique lien social et poison castrateur de l’héroïne.
Bien qu’À moi seule contourne intelligemment la dialectique du bourreau et de sa victime, ici, Vincent est un inadapté, dont la solitude l’a poussé à dérober une portion de vie d’une petite fille. La caméra de Videau ne juge pas, elle scrute l’ambiguïté de leur relation, ni plus ni moins. Une bonne surprise.