par Paco Altura
28 mars 2017 - 10h23

Moi, Daniel Blake

VO
I, Daniel Blake
année
2016
Réalisateur
InterprètesDave Johns, Hayley Squires, Briana Shann, Dylan McKiernan, Natalie Ann Jamieson
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Daniel Blake, menuisier de 59 ans, doit arrêter de travailler en raison de problèmes cardiaques. L’aide sociale lui refusant une pension d’invalidité, il doit à nouveau chercher du travail. Daniel Blake fait la connaissance de Katie Morgan, une mère célibataire de deux enfants contrainte de vivre dans un logement social très éloigné des siens, afin d'éviter le foyer pour sans‑abris. Daniel et Katie vont tenter de s’entraider.

 

La mise en scène dépouillée palmée à Cannes permet de suivre sans artifice esthétique deux survivants. Daniel et Katie ne sont pas des vaincus, ils sont des victimes. Empêtré dans un système administratif kafkaïen qui fait l’impossible pour ne pas leur accorder les droits élémentaires censés les protéger, le duo va vivre ensemble une sobre histoire d’amour filiale. Ken Loach offre un cadre épuré qui permet à ses deux excellents comédiens principaux de développer leur personnage avec justesse. C’est le très gros bon point du film.


Mais le réalisateur britannique ‑qui n’a jamais caché ses idées sociales‑ construit un récit malgré tout assez manipulateur qui paraît contradictoire avec ses aspirations. À l'inverse d'un Stéphane Brizé qui, avec sa formidable Loi du marché, donnait à réfléchir et à méditer en montrant simplement le réel, Ken Loach prend le parti de guider l’émotion, de prendre le spectateur par la main. De clairement lui indiquer qui sont les bons, ceux qui survivent en marge du système ou tentent d’en pallier les failles, et qui sont les méchants, les serviteurs du même système.


La situation que le réalisateur britannique dénonce ‑une architecture administrative inique‑ est bien réelle et méritait d’être exposée dans son absurde, terrifiante et banale cruauté. Mais le cinéaste paraît ne pas faire suffisamment confiance à ses spectateurs pour s’en faire eux‑mêmes un avis.

 

Si Moi, Daniel Blake sait dessiner le beau portrait de personnages qui restent droits dans leurs bottes face à l'adversité, le film oriente tellement le débat qu’il paraît postuler que les spectateurs, eux aussi pris dans le système, ne sont plus vraiment capables d’élaborer leur propre réflexion. Comme s’il était déjà trop tard. Ce qui n’est pas le cas. Daniel et Katie le prouvent bien, chacun à sa manière.

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I, Daniel Blake
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
01/03/2017
image
BD-50, 101', zone B
1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
5
10
image

Le cadre extrêmement sobre (couleurs très pâles, grain bien présent) est tout à fait délibéré comme le confirme Ken Loach dans les bonus. Ce parti pris très réaliste offre une photo âpre qui passera très bien en DVD sans offrir beaucoup plus en HD.

7
10
son

Un DTS‑HD Master Audio 5.1 grand luxe totalement superflu au regard du travail sonore centré sur les voix des personnages et si peu sur les ambiances. VF et VO se valent artistiquement et techniquement parlant, mais on peut néanmoins préférer la VO tant les acteurs ont travaillé des accents légèrement régionaux qui collent parfaitement à leur personnage et la ville de province où se déroule le récit.

3
10
bonus
- Entretien avec Ken Loach (22')
- Scènes coupées (7')

L'entretien avec le cinéaste est visuellement statique mais très nourrissant. Ken Loach explique sa démarche, le point de départ du scénario, le choix des acteurs, des lieux et ses partis pris de mise en scène. Le réalisateur s'avère, comme toujours, passionnant à suivre.

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