Möbius
À Monaco, Gregory, un officier des services secrets russes, est sur la brèche : il doit surveiller un puissant homme d’affaires. Pour ce faire, il recrute à distance Alice, une surdouée de la finance. Mais au moment où il doute de son implication, il organise une rencontre et tombe amoureux d’elle. Inexorablement, les sentiments vont dépasser la raison et précipiter leur chute.
Cela faisait longtemps que l’on attendait le retour d’Éric Rochant aux affaires du thriller, genre dans lequel il s'était brillamment illustré en 1993 avec Les patriotes. S’inspirant ostensiblement des Enchaînés, le réalisateur de la série Mafiosa tente ici l'impossible avec panache : faire naître et vivre une passion entre deux personnages aussi froids qu'une rencontre Obama‑Poutine.
À l’instar de la ville où ils évoluent, Monaco, presque tout sonne faux et artificiel : l’accent russe de Jean Dujardin, les compétences financières de Cécile de France, et surtout la scène d’amour calant son rythme sur la lente respiration d'Alice, mais laissant le spectateur de marbre. Cela dit, et c'est tout le savoir‑faire de Rochant, malgré ces écueils « techniques », le film est émaillé d'instants de fulgurance salvateurs.
C'est le cas de la première rencontre entre les deux personnages où les regards échangés sont autant d’étreintes fantasmées qui se reflètent dans l’éclat de leurs yeux, de la scène de l'échange téléphonique dissimulé au nez et à la barbe des bad guys (une merveille de suspense et de tension), de la séquence au cours de laquelle le titre du film est expliqué par un des personnages secondaires, ou encore de la scène de l’ascenseur (beau moment de mise en scène et de découpage).
Bref, Rochant démontre encore une fois qu'il est un grand metteur en scène, même s'il n'est pas parvenu à apporter à Möbius ce petit supplément d’âme, de réalisme et de crédibilité, qui aurait permis au film d'atteindre des sommets.