Mister Babadook
Amelia peine à se remettre du traumatisme vécu la nuit de l'accouchement de son fils unique Samuel : son mari est mort dans un accident en la menant à la maternité. Elle tente désormais d'offrir une enfance normale à Samuel, un enfant agité au comportement parfois violent. Un soir, elle trouve dans la bibliothèque de son fils un livre de contes racontant l'arrivée d'une créature monstrueuse dans une famille. Peu après, Amelia commence à sentir la présence d'une entité maléfique dans sa maison, une entité qui menace directement la vie de Samuel.
Un premier film d'effroi saisissant à plusieurs points de vue. La réalisatrice Jennifer Kent opte pour une esthétique très sombre que n'aurait pas reniée Roman Polanski et une manière qui renoue avec les racines du cinéma de terreur. Son récit d'effroi délaisse d'autre part toute magie numérique pour employer, avec brio, des effets sonores et caméra simples mais hyper‑efficaces pour faire monter la tension. Des outils (cadrages, utilisation du son...) qui peuvent parfois faire penser au grand classique du genre, La maison du Diable de Robert Wise.
Mais au‑delà de la forme, le plus frappant dans ce film extrêmement flippant est son contenu, son propos bien éloigné d'une simple histoire de possession ou de maison hantée. Mister Babadook est en effet avant tout un percutant film d'angoisse reposant sur de solides bases psychologiques. C'est parce qu'on s'attache aux personnalités complexes d'Amelia et de Samuel qu'on est terrifié.
La réalisatrice, une ancienne assistante de Lars Von Trier, a parfois la main un peu lourde sur certains effets et enchaîne à l'occasion des séquences en grappe un poil trop signifiantes, mais son récit, habité par deux acteurs exceptionnels ‑stupéfiante Essie Davis (Amelia), crédible et touchant Noah Wiseman (Samuel)‑, préserve malgré tout l'essentiel : efficacité, peur et surtout un propos intelligent et dense très éloigné des nanars d'horreur standards.