Minuit dans l'univers
Avec son dernier film, l’acteur et réalisateur George Clooney s’essaie au récit d’anticipation post‑apocalyptique teinté de SF. L’essai semble sincère, mais au final, trop long et dénué d'émotion.
Excellent acteur quand il est filmé par les frères Coen (O'Brother, Burn After Reading) ou Soderbergh (la saga Ocean, Hors d’atteinte), son bilan de réalisateur est plus mitigé même si Good Night and Good Luck (2005) et Les marches du pouvoir (2011) étaient des films engagés plutôt convaincants. En tout cas, Clooney le réalisateur n’a pas encore tourné le film qui fera date dans sa carrière derrière la caméra, et ce n’est pas avec Minuit dans l’univers qu’il franchira le cap.
Pour son septième film en tant que réalisateur, il choisit d’adapter le best‑seller apocalyptique de Lily Brooks‑Dalton (Good Morning, Midnight) qui se déroule en 2049 et met en scène une Terre ravagée par le réchauffement climatique (ou un virus, on ne sait pas très bien). Alors que les derniers survivants sont contraints de se réfugier sous terre, le scientifique Augustine (Clooney), doublement condamné par une maladie, préfère vivre ses derniers instants en surface, enfermé dans un laboratoire de l'Arctique. Chaque jour, il essaie d'entrer en contact avec des astronautes en mission dans l'espace depuis des années. L'apparition soudaine d'une petite fille égarée va le sortir de sa torpeur dépressive.
La barbe hirsute, le regard triste, Clooney est tout à fait convaincant dans la peau de ce scientifique au bout du rouleau, mais peine malgré tout à capter l'émotion du spectateur, la faute à un scénario qui ne parvient pas à faire émerger des enjeux dramatiques clairs pour son personnage principal et à une structure faussement complexe en flash-back. L’encéphalogramme émotionnel reste désespérément plat. Tous les bons ingrédients étaient pourtant là dès le début…
Au final, malgré certains plans magnifiques (la déferlante de météorites en hommage à Gravity ?) et un message humaniste salutaire, le manque d'enjeu et la lourdeur des rares dialogues, le tout surligné les violons d'Alexandre Desplat, parachèvent le sentiment de passer à côté du sujet. Sans compter quelques détails techniques agaçants comme l'absence de vapeur d’eau et de gaz carbonique au sortir de la bouche de Clooney en plein Arctique, ou encore sa survie humainement impossible suite à sa chute dans l’eau glacée…
À noter que le résumé officiel de Netflix expédie une heure de film pour se concentrer sur deux minutes d’un enjeu dramatique perdu au milieu des autres. La preuve supplémentaire d'un joli flou artistique.