par Jean-Baptiste Thoret
24 septembre 2012 - 09h20

Millénium : les hommes qui n'aimaient pas les femmes

VO
The Girl with the Dragon Tattoo
année
2012
Réalisateur
InterprètesDaniel Craig, Rooney Mara, Stellan Skarsgard, Christopher Plummer, Robin Wright, Steven Berkoff
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Après The Social Network et sa mise en pièces du fondateur de Facebook, David Fincher a donc choisi d’adapter la trilogie de Stieg Larsson. Pourquoi pas ?

Seulement voilà, Fincher, forcément sensible aux thèmes développés dans le roman (paranoïa, critique de la corruption, marginalité de l’individu…) fut doublé par Niels Arden Oplev qui, en 2008, avait déjà porté à l’écran, et plutôt honnêtement (voir ici), l’histoire de Michael Blomqvist et de Lisbeth Salander, hacker tatouée interprétée par Noomi Rapace, dont le rôle mit sa carrière sur orbite. L’homme qui n’aimait pas les femmes arrive donc trop tard, sauf à penser que le marché américain a boudé les films d’Oplev, dans l’attente d’une version anglaise de ce best‑seller mondial.

Moins une adaptation nouvelle qu’un démarquage exact du film de 2008, le Millénium de Fincher, pour raffiné et mieux filmé qu’il soit, n’est qu’un remake inutile dont on peine à saisir la visée. On y perd pas au change (même si Daniel Craig, avec son assurance post‑Bond, manque de cette fragilité qui caractérisait le jeu de Michael Nyqvist), mais on y gagne pas grand‑chose. L’histoire est la même (un riche industriel suédois engage un journaliste d’investigation afin que celui‑ci enquête sur une disparition non élucidée), le scénario aussi, même si l’on entre plus vite dans le vif du sujet, perdant au passage ce mystère lié à la personnalité des deux personnages principaux du film.

Reste le style de Fincher, ce mélange d’élégance glacée, de vernis punk et de violence subite qui, malheureusement, ne s’exprime qu’au compte‑goutte : lors du générique, magnifique, et d’une séquence de métro, au cours de laquelle Fincher saisit l’animalité viscérale qui émane du personnage de Salander.

Au fond, Millénium ne permettra pas de départager ceux qui considèrent David Fincher comme l’un des créateurs les plus inventifs de Hollywood (Zodiac), de ceux qui ne voient en lui qu’un maître du clip signant des films malins, manipulateurs, mais vides de sens (Seven). À vous de choisir.

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The Girl with the Dragon Tattoo
- de 12 ans
Prix : 24,99 €
disponibilité
23/05/2012
image
2 BD-50, 158', zone B
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9 natif
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 5.1
Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Italien DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français, anglais, arabe, italien, néerlandais
10
10
image
Tout l'art de Fincher se retrouve dans cette photographie brillante comme une laque chinoise. A‑t‑on jamais vu des noirs aussi profonds ? Un relief aussi marqué ? Des détails si nombreux ? Pas sûr… La fameuse caméra numérique Red est passée par là. Et elle fait des miracles entre les mains de Fincher. Un film graphique, presque design… De toute beauté de A à Z.
8
10
son
Priorité n'est pas donnée ici aux effets spectaculaires, mais aux ambiances d'inspiration naturelle. Sans être aussi envoûtant et planant que son modèle suédois, ce Millénium met en revanche l'accent sur la musique, propulsée de toute sa force sur les enceintes de la pièce. Les différentes illustrations sonores s'intègrent parfaitement à cette solide bande‑son, en VO comme en VF. Un brin classique (hormis ce fameux générique que l"on ne se lasse pas de revoir) mais très abouti.
7
10
bonus
- Commentaire audio de Fincher
- L'équipe raconte le film (7')
- Série de modules sur les trois personnages principaux (85')
Ce n'est peut‑être pas l'interactivité du siècle, mais au final, voici le portrait d'un film qui fut préparé à l'extrême (scénario, costumes, look, inspirations, travail des comédiens…), tourné dans les règles de l'art, monté et remonté dans les tous sens, et problématique du début à la fin. On comprend bien l'énorme travail qu'a nécessité cette première adaptation (deux autres devraient suivre) et les différentes problématiques liées à la trilogie monstre de Larsson. Des bonus passionnants pour tout amateur de mise en scène et d'anecdotes cinéphiles (on apprend notamment que c'est Fifi Brindacier qui est à l'origine du personnage de Lisabeth Salander).
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