Millénium : ce qui ne me tue pas
Missionnée pour récupérer un logiciel permettant de contrôler les armes nucléaires du monde entier, Lisbeth Salander (Claire Foy) sollicite l’aide de son ami, le journaliste Mikael Blomkvist (Sverrir Gudnason) qu’elle n’a pas revu depuis trois ans. Ensemble, ils tenteront de devancer la NSA ainsi qu’un groupuscule de terroristes, également sur la piste du dangereux logiciel.
Véritable raz‑de‑marée mondial lors de sa parution en 2005, la série littéraire initiée par Stieg Larsson (décédé un an auparavant, l’auteur n’a malheureusement pu assister au succès phénoménal de son œuvre) a connu deux adaptations depuis 2009. Si celle du Danois Niels Arden Oplev (Millénium) n’a absolument rien à envier au copier‑coller de David Fincher (Millénium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes, 2012), cette nouvelle version issue du quatrième volet de la saga (David Lagercrantz a repris les rênes du best‑seller depuis) s’affranchit des arcanes noirs du nazisme et entend faire une analyse pseudo‑psychanalytique de la justicière Lisbeth Salander. Succédant aux excellentes performances de Noomi Rapace et Rooney Mara, Claire Foy, look motarde, piercings et dragon tattoo dans le dos, fait un sans‑faute.
Centré autour d’une douloureuse fêlure enfantine, le thriller de Fede Alvarez (il réalise le remake d’Evil Dead en 2013) emprunte à Skyfall (Sam Mendes, 2012) sa thématique du retour traumatique à la maison familiale, puis à James Bond tout court ses séquences de traque magistralement chorégraphiées et opérées à distance avec la crème des gadgets high‑tech. Prévisible dans l’orchestration des séquences d’action (montage frénétique, plans aériens vertigineux des montagnes suédoises enneigées, résistance super‑héroïque de Salander qui discrédite des assaillants déjà fadasses), le thriller aurait pu gagner en singularité avec la collision fatidique entre les sœurs Salander.
Bien que le rouge et le noir de leur tenue respective claquent dans un paysage immaculé lors de la confrontation finale, le trou béant qui sépare Lisbeth de Camilla (Sylvia Hoeks), leader du gang des Spiders depuis l’enfance, ne saurait se réduire à une micro‑trouvaille graphique… En somme, le cinéaste passe nettement à côté de cette sororité impossible.