Millénium 3 (la reine dans le palais des courants d'air)
Suite et fin (pour le moment et en attenant la version de David Fincher qui ne devrait pas tarder) de l'adaptation toute suédoise de la saga littéraire culte de Stieg Larsson, Millénium, soit trois opus vendus en France à plus de 3 millions d'exemplaires.
L'attente des fans était immense et les trois films d'emblée étonnent (cliquez pour accéder aux tests de Millénium et Millénium 2), prenant à contre‑pied tous les codes du thriller. Rythme lancinant, facture d'un classicisme absolu, esthétique ascétique, économie de dialogues, longs travellings sur les étendues suédoises enneigées et surtout un duo inattendu, brillamment interprété par Michael Nyqvist dans le rôle de Michael Blomkvist, le journaliste star du journal Millenium, et la surprenante Noomi Rapace dans les nippes de Lisbeth Salander, la punkette gothique pro du piratage informatique et contre‑laquelle la société et sa propre famille s'acharnent depuis son enfance.
Après deux premiers opus emboîtant façon poupées russes des enquêtes toutes plus complexes les unes que les autres, changement de braquet et virage à 180° pour cette fin en apothéose ne laissant pas une seconde de répit au spectateur. Après une ouverture digne des meilleurs épisodes de Derick avec papys flingueurs sur le retour et groupuscule de motards fachos surarmés, l'heure de la délivrance et des révélations a sonné.
On retrouve notre héroïne au plus mal dans une chambre d'hôpital, le crâne fracassé par son demi‑frère alors qu'il tentait de l'enterrer vivante et que leur père, maintenant alité dans la chambre d'à côté, vidait son chargeur sur elle. Isolée et incapable de se défendre, « Super Foutu Blomkvist » prend en main l'opération de sauvetage, en même temps qu'il entreprend de révéler la gangrène invisible qui ronge son pays, soit la collusion de politiciens ripoux et d'agents secrets à la solde du plus offrant, dont le père Lisbeth.
En filigrane du polar brillant, une ode à la capacité de résilience des femmes, et une histoire d'amour peu banale et inavouée entre deux êtres atypiques assoiffés de vérité. Le meilleur opus de la saga.