Mildred Pierce
Glendale, Los Angeles, années 30. Mildred Pierce (Kate Winslet), femme au foyer, expulse son mari adultère de la maison et décide de subvenir seule aux besoins de ses deux filles. D’abord serveuse, elle parvient à monter son entreprise personnelle. Sa rencontre avec Monty Beragon (Guy Pearce), un joueur de polo aussi séduisant que désargenté, va déterminer sa vie sentimentale. Au-delà de sa passion pour le jeune homme manipulateur, Mildred voue un amour inconditionnel à son aînée Veda (Evan Rachel Wood). Mais depuis l’adolescence, celle‑ci est en conflit avec sa mère. Le temps passe. Leurs rapports se désagrègent.
Adaptation du roman éponyme de James M. Cain, Mildred Pierce, déjà porté à l'écran en 1945 par Michael Curtiz (Le roman de Mildred Pierce avec Joan Crawford), devient aujourd'hui une mini‑série en cinq épisodes, produite par HBO. Autant le dire, le résultat est époustouflant. Le contraire nous eût étonnés, avec Todd Haynes (Safe en 1995, Loin du paradis en 2002) aux commandes et un casting remarquable (Kate Winslet, Evan Rachel Wood, Melissa Leo, Guy Pearce).
Le contexte difficile de la grande dépression n’endigue pour rien au monde la fierté de Mildred Pierce. Ce n’est pas parce qu’elle délaisse son tablier de ménagère qu’elle se plie pour autant au snobisme des classes privilégiées. Ainsi, elle refuse un poste de gouvernante, accepte celui de serveuse, mais à des fins bien précises : ouvrir son propre restaurant. Un objectif qui confère à l’héroïne ses qualités de femme indépendante et féministe avant la lettre. Cependant, Mildred Pierce ne se cantonne pas à son message progressiste et décrit avant tout le drame de la filiation contrariée. Pour Veda, progéniture pétrie d’orgueil et d’ingratitude, la réussite professionnelle de sa mère n’est pas à la hauteur du rang dont elle a toujours rêvé.
Dans le sillage des mélodrames de Douglas Sirk (cinéaste de référence pour Haynes qui offrit déjà une variation de ses thématiques avec Loin du paradis), Mildred Pierce mêle avec brio la tragédie, les guerres et les ruptures ordinaires.