Midway
Après la débâcle de Pearl Harbor en décembre 1941, la marine américaine est décimée et l’armée japonaise se prépare déjà à mener une nouvelle offensive pour définitivement anéantir les forces aéronavales américaines restantes. Tout va se jouer dans sur un petit atoll isolé du Pacific Nord : Midway.
Après 2012, White House Down et plus récemment Independence Day Resurgence, pour son nouveau film à gros budget (100 millions de dollars) auquel il pense depuis plus de vingt ans, le réalisateur Roland Emmerich donne sa version cinématographique de la bataille de Midway. Une vision historiquement irréprochable, calée chronologiquement sur les faits qui se sont déroulés de part et d'autres des deux camps. Et tout y est : l'arrivée de l'Amiral Nimitz pour regonfler le moral des troupes et faire face aux conséquences de la pire défaite militaire des États‑Unis, le craquage des codes japonais par le fantasque Joe Rochefort (musicien à la base, selon les spécialistes, son travail aurait permis de raccourcir la guerre du Pacifique d'un an et aurait sauvé des milliers de vies), le pilote de bombardier tombé à l'eau, seul survivant de l'escadron qui coula le dernier porte‑avions japonais, les 250 000 Chinois tués en représailles pour avoir aidé les troupes américaines, etc. Un travail colossal de reconstitution mis en image de manière linéaire sans (trop) de triomphalisme ni patriotisme.
Bénéficiant d’un impressionnant casting avec Patrick Wilson, Ed Skrein, Luke Evans, Aaron Eckhart et Mandy Moore, le réalisateur retrouve aussi Woody Harrelson qu’il avait dirigé dans 2012 et Dennis Quaid, qu’il avait mis en scène dans Le jour d’après. Pour raconter cette histoire, le scénario de Wes Tooke met en perspective trois points de vue différents : celui des pilotes à bord du porte‑avions USS Enterprise, celui des forces japonaises et le rôle crucial de l’officier de renseignements de marine Edwin Layton dans l’issue de la bataille. Il est ici incarné avec brio par Patrick Wilson.
Si la reconstitution historique réaliste de l’époque (le film a réellement posé ses caméras à Pearl Harbour dans un souci d'authenticité) et les combats assez spectaculaires forcent le respect, il faudra toutefois faire avec un univers tout‑numérique parfois brouillon manquant de subtilité, d'autant plus par le prisme de la 4K. Reste que s'il n’atteint pas le rendu esthétique ni la dimension à la fois tragique et héroïque du Dunkerque de Christopher Nolan, Midway fait le job et même plus, montrant le courage de tous les combattants au cours d'une lutte acharnée de laquelle ils ne pensaient ne jamais revenir, ainsi qu'une partie plus méconnue chez nous de l'Histoire de la Seconde guerre mondiale. Un spectacle assurément épique.