Mickey 17
Dans un futur proche, Mickey Barnes, un « consommable », est engagé pour tester les dangers auxquels l'humanité est confrontée dans sa volonté de coloniser une planète de glace.
La mort vous va si bien
Dire que le nouveau Bong Joon‑ho, cinq ans après Parasite, était attendu de pied ferme est un doux euphémisme. Il faut dire que pour son premier film américain, le réalisateur multirécompensé avait engagé pour le rôle‑titre Robert Pattinson dont on connaît désormais les choix de films audacieux (The Lighthouse). Il avait également fait appel au directeur de la photographie Darius Khondji… Bref, il avait tout pour plaire.
Hélas, si le film est on ne peut plus sympathique et d’une beauté formelle indéniable (quoique froide), il n’a vraiment pas la puissance de son prédécesseur. C’est d’autant plus dommage que le roman d’Edward Ashton dont s’inspire le film était un terrain de jeu idéal pour le réalisateur coréen. D’ailleurs la première partie du film, qui pose le postulat et les enjeux, est tout bonnement géniale. Voire Pattinson mourir, renaître, tomber amoureux, se faire trahir par son pote avec une moue de Droopy est assez jouissif. L’acteur semble d’ailleurs s’amuser comme un fou à interpréter chaque version du personnage avec de subtiles nuances. Il arrive même à rendre chaque itération de Mickey distincte tout en maintenant une continuité émotionnelle. Du grand art. Le paroxysme étant atteint lorsque deux Mickey seront présents à l’écran, Mickey 17 et 18. L'occasion de le comparer avec le Cronenberg de 1988, Faux semblants, et l’interprétation fantastique de Jeremy Irons en jumeaux.

Un petit Mickey pas « maousse »
Malheureusement, dans la seconde partie du film où le message politique et pacifique est clairement asséné, Mickey 17 part un peu dans tous les sens et lasse rapidement. Le discours sur les inégalités sociales et les migrants est beaucoup trop appuyé. L’humour du film se perd et on a un peu l’impression d’être dans un condensé de séries boursouflées d’intrigues secondaires bien inutiles, mais pas désagréables non plus. Il faut remercier la prestation de Mark Ruffallo en ersatz de Trump qui insuffle au film une touche de fantaisie, bien maigre cependant pour palier les lacunes du scénario.
Heureusement, un petit twist final bien malicieux à propos des aliens/natifs de la planète nous rappelle que le film est surtout une fantaisie et qu’il ne faut pas trop lui en demander. Bref, ce Mickey 17 est un Bong Joon‑ho de second plan, sans doute un peu trop aseptisé mais qui se laisse regarder.