Michael Cimino, un mirage américain
Début 2020. Le réalisateur Jean‑Baptiste Thoret (We Blew it) embarque une équipe réduite avec lui pour un voyage hors du commun aux États‑Unis. Deux mois de tournage qui ressemble autant à un pèlerinage cinéphilique qu’à la continuité d’un road‑trip initié dix ans plus tôt aux côtés d’un immense cinéaste, figure majeure du Nouvel Hollywood : Michael Cimino (l'essai Michael Cimino, les voix perdues de l'Amérique paraît en 2013 chez Flammarion).
Première étape : Mingo Junction, ancienne petite ville sidérurgique au cœur de l'Ohio dans laquelle Cimino pose sa caméra en 1978 pour le tournage de Voyage au bout de l’enfer. Au détour d'un terrain vague, d'une ligne de chemin de fer désaffectée ou dans le bar du coin, dernier bastion d'une communauté marginalisée, les récits de tournage de l'époque composent avec le temps révolu d'un cinéma fédérateur. Le film de famille de Cimino trouve une résonance profonde avec les habitants de Mingo, on réalise leur précieuse contribution et combien leurs souvenirs inestimables remuent l'âge d'or d'une ville ‑la leur‑ désormais décatie.
Autant de rencontres incroyables et touchantes (John Savage ému jusqu’aux larmes en écoutant Cavatina de Stanley Myers ou encore Stanley White, le policier qui inspira le personnage de Mickey Rourke dans L’année du dragon en 1985), que d’espaces parcourus à la recherche de mirages ciminiens qui impriment pour toujours l’Histoire de l'Amérique et du cinéma. Un magnifique film sorti en janvier 2022 au cinéma et de nouveau annoncé en salle à la rentrée le 4 septembre, en pleines élections présidentielles américaines.