Mélodie en sous-sol
Charles (Jean Gabin), un vieux truand fraîchement sorti de prison, veut bien raccrocher les gants. Mais pas avant d’avoir fait un dernier coup, plutôt ambitieux, puisqu’il s’agit du casse du casino Palm Beach, à Cannes. Pour cela, il est contraint de s’associer avec un jeune loup inexpérimenté, Francis, qu’il a connu derrière les barreaux (Alain Delon, dans un rôle d’abord prévu pour Jean‑Louis Trintignant).
Réalisé en 1962, Mélodie en sous‑sol incarne, sinon l’un des sommets avec Touchez pas au Grisbi, en tout cas l’un des emblèmes du grand cinéma populaire français des années 1950 et 1960 : technique irréprochable, art du récit impeccable, dialogues toujours percutants de Michel Audiard et « gueules » pas possibles, ici Jean Gabin, alors abonné aux rôles de cadors, pachas et autres « caves » un peu rustres (même avec de Funès dans Le tatoué !).
Face à lui, Alain Delon, alors en pleine expansion (L’éclipse d’Antonioni et Rocco et ses frères de Visconti datent de la même année) et symbole d’une nouvelle génération d’acteurs qui prendront le relais du genre dans les années 1970 et 1980.
Construit comme une formidable mécanique horlogère, Mélodie en sous‑sol s’achève pourtant par une drôle de séquence, devenue mythique, au bord de la piscine de l’hôtel. Adapté d’un roman de la Série Noire, The Big Grag de John Trinian, le film de Verneuil (qui réunira à nouveau les deux acteurs dans Le clan des Siciliens sept ans plus tard) possède un charme à la fois désuet et inusable qui nous rappelle combien ce type de film manque au cinéma français contemporain.