Max et les Maximonstres
Garçon solitaire en demande d'affection, le jeune Max, sensible et hyperactif, est en proie à des crises de colère. Un soir, après avoir mordu sa mère, il s'évade de chez lui direction le pays des Maximonstres, des êtres immenses et poilus dont il va devenir le petit roi…
Max et les Maximonstres est un film audacieux. En adaptant le célèbre album pour enfants de Maurice Sendak, Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich) livre ici un long métrage déconcertant, proposant enfin un portrait d’enfant sans concession. Débordant d’imagination, attachant, hyperactif, le jeune Max (interprété par le surprenant Max Records, taillé pour le rôle) est également incontrôlable, excessif, violent, nombriliste. Secoué par les émotions qui l’habitent, par sa peur du futur (voir la scène de classe durant laquelle son professeur explique que le soleil va mourir, mais bien après l’extinction de l’espèce humaine), il laisse ressurgir les réflexes commandés par son cerveau reptilien : ses pulsions animales, son instinct de survie.
On est donc bien loin des bambins made in Disney. Certes, l’enfant irrite de prime abord, dépeint comme un véritable être humain dans toute son entièreté, avec ses excès, ses colères. Mais aussi avec sa passion pour la vie, son amour pour les siens. Forcément, ceux qui attendaient un conte aseptisé mené par un enfant « édulcoré » risquent de déchanter. Tout comme ceux qui espéraient un pur film de monstres et d’aventures, avec moult péripéties à la clef.
Ce n’est pas ce que nous offre Spike Jonze. Au lieu de cela, il filme les tourments d’un enfant qui commence à comprendre l’éphémérité de la vie, sa fragilité. Se sentant abandonné par une mère aimante mais accaparée par son travail et par une sœur adolescente qui préfère ses copains à son petit frère, Max s’invente un monde imaginaire dont ces enfants solitaires ont le secret. Là‑bas, ses Maximonstres (qui prennent vie grâce à un mélange parfait de costumes et d’images de synthèse) personnifient chacune des émotions du garçonnet, qui s’impose rapidement comme leur nouveau roi. Soit un parent tentant de maîtriser les pulsions de sa famille de géants, autant de facettes vivantes d'une même personnalité à l'imagination fertile.
Et comme il ne s’agit nullement d’un périple acidulé à la sauce Alice au pays des merveilles, le metteur en scène fait de ce pays rêvé un espace sauvage (d’où le très poétique titre original, Where the Wild Things Are), composé de déserts, de forêts majestueuses, de côtes déchiquetées et de monstres qui n’en ont que l’apparence, puisqu’ils s’expriment comme des êtres humains (en VO, on profite d’ailleurs des voix de James Gandolfini, Catherine O’Hara, Forest Whitaker, Paul Dano…).
Spike Jonze semble avoir réalisé son film avec beaucoup de sincérité, comprenant cette période trouble que traverse tout enfant. Une phase âpre, où l’innocence s’estompe inéluctablement, tandis que l’on essaie coûte que coûte de la préserver. À la fois éthéré et tumultueux, sans doute trop arythmique aussi, Max et les Maximonstres nous balance dans ce tourbillon violent qu’est l’envol de l’enfance, fait de clairs‑obscurs plus que de pommes d’amour.