Matalo
Bart (Corrado Pani), un redoutable hors‑la‑loi, est sauvé in extremis de la potence. Ce qui ne l’empêche pas d’éliminer les hommes venus à sa rescousse une fois en partance vers le Mexique. Il fait ensuite escale dans une ville fantôme où, rejoint par ses complices, il élabore un plan d’attaque contre une diligence remplie d’or.
À travers ce western borderline, nul doute que Cesare Canevari (Moi, Emmanuelle, Des filles pour le bourreau) sache filmer la folie. D’abord en enclavant ses personnages tordus dans l’espace approprié de la ghost town, puis en leur allouant un côté obscur parfaitement inadapté à la besogne collective. Et toujours ce sempiternel nerf de la guerre : l’appât du gain.
Mais Canevari affectionne l’excès. Le butin tant convoité nourrit alors la charge explosive de l’intrigue et de la forme qui l’exprime (montage syncopé, zooms instantanés, coupes imprévisibles). Lou Castel, partenaire inoubliable de Gian Maria Volontè dans El Chuncho de Damiano Damiani (1967), y interprète un anti‑héros pacifiste et flanqué de boomerangs colorés.
Film réalisé en 1970 oblige, les bandits de Matalo sont vêtus comme des hippies, dégainent puis massacrent sur des riffs de guitare survoltés… Somme toute, il y a autant de western en eux qu’un esprit Seventies psychédélique, insoumis, enragé.