Mataharis
Carmen (Nuria Gonzalez), Eva (Najwa Nimri) et Inès (Maria Vazquez) travaillent pour une agence de détectives privés. Elles opèrent aussi bien dans la vie intime d’individus, ayant des doutes quant aux aspirations secrètes de leur conjoint, qu’avec de grands patrons d’entreprises sceptiques face à leurs employés. Fait étrange, ces situations de crise individuelle (ou sociale) font écho aux fêlures intimes de ces « drôles de dames », comme si les déroutes des autres avaient fini par contaminer leurs propres destinées, ou l’inverse.
Film consacré au malaise dans le couple, à l’usure et au délitement de la confiance placée en l’autre, Mataharis tisse, de façon très structurée (presque didactique), le lien entre l’intime et l’altérité. La sphère privée constituant le prolongement naturel du monde, et vice‑versa. Lorsque Eva met de côté la requête d’un client et utilise ses propres méthodes de filature pour pister son mari, on comprend alors que chaque mission est interchangeable : du travail à l’Eros, les frontières se brouillent.
Trois femmes à des étapes différentes de la vie, lesquelles convergent toutes cependant vers le seuil critique de l’incommunicabilité. À voir et à sonder.