Massacre à la tronçonneuse
Cette suite directe du film culte de Tobe Hooper se contente du minimum syndical scénaristique pour se concentrer sur le massacre d’une bande de néoruraux hyper‑connectés. Et substitue à la peur viscérale du premier film une tendance gore ludique certes peu ragoûtante, mais qui ne fait quasiment jamais frissonner.
Tesla Vs pick up
Tout commence par l’arrivée de jeunes bobos en Tesla climatisée rutilante dans la cambrousse texane peuplée de Rednecks, colt vissé à la ceinture et roulant à bord de pick up forcément hyper‑polluants. Le petit groupe, bourré de convictions, se dirige tout droit vers le bled de Harlow pour lancer une nouvelle entreprise, mais il ne sait pas encore qu'un dangereux tueur en série à la tronçonneuse hante la région depuis des décennies. Son nom : Leatherface.
Trouillomètre en panne
Dès le départ, on est frappés par l’absence totale d’ambiance anxiogène. Rien, ni dans les décors, ni dans la lumière (au passage magnifique), ni dans la mise en scène, ne permet au film de restituer ne serait‑ce qu’une parcelle de la moiteur étouffante du film de 1974. Même si les clins d’œil au film de Tobe Hooper sont légion (le bus, certains plans iconiques, mais aussi et surtout la présence de Sally, la seule survivante du premier film campée non pas par Marilyn Burns, malheureusement décédée depuis, mais par Olwen Fouere), l’aiguille du trouillomètre reste désespérément plate.
Sans inventivité ni audace, le montage est pour beaucoup dans l’absence de tension dramatique, le réalisateur préférant répéter une formule vaguement remise au goût du jour, s'enlisant au passage dans une caricature lourdingue et saupoudrant le tout de quelques raccourcis narratifs gênants qui vident les personnages de leur éventuelle substance, à l’image de cette rescapée d’une fusillade dans son école qui s’amourache d’un Texan pro‑NRA, musclé et bas du front.
Le cinéma y perd
Il n’y a donc plus qu’à attendre que série B se passe, avec un bref vague regain d'intérêt quand Leathaertface entre dans un bus bondé d'Instagrameurs qui vont longuement se faire tronçonner menu. Le final, navrant et déjà vue mille fois, laisse déjà entrevoir une suite qu'on envisage avec autant d’impatience que notre prochaine déclaration d’impôts.
En 1974, Tobe Hooper livrait un film d'art et essai effrayant d’une violence inouïe sans verser quasiment aucune goutte de sang. Dans la version de 2022, il y aurait de quoi remplir deux piscines olympiques d'hémoglobine, et pourtant, la terreur et la violence du propos sont dissous. Entre les deux, le cinéma a perdu de sa substance et le film de son propos.