Mascarade
La Côte d'Azur à la fois belle dehors et noire dedans, vue par la lorgnette cynique d'un Nicolas Bedos torturé mais amoureux de ses acteurs.
Tout commence quand un gigolo (Pierre Niney), « en couple » avec une ancienne gloire du cinéma (Isabelle Adjani, hyper‑drôle en vampe craquante/méchante), rencontre une sublime arnaqueuse (Marine Vacth) qui va lui faire entrevoir un espoir de vie dorée sur la Riviera. Mais quand le premier cherche l'amour, la seconde, loin d'avoir révélé tous ses secrets, n'esquisse pas tout à fait la même peinture idyllique…
Des forces et des méandres
Les grandes forces de Mascarade, qui mixe d'ailleurs deux temporalités avec un tribunal comme autre scène de théâtre, ce sont bien sûr ses acteurs, quasiment tous ultra‑convaincants (dont François Cluzet) et pressés de bien faire sous l'œil exigeant de leur metteur en scène. L'autre, c'est le scénario en dentelle, écrit tout en sinuosités par l'as du verbe Bedos, déjà faiseur des très bons La belle époque et OSS 117 : alerte rouge en Afrique noire, qui se démarquaient déjà par leur qualité d'écriture.
Mais si Nicolas Bedos élève l'art de la revanche à son paroxysme, il s'emballe aussi un peu en oubliant de muscler son film (pourquoi 135 ‑parfois longues‑ minutes ?) et nous donne que peu d'occasions de vibrer au fond pour des personnages qui ont du mal à sortir de leur bel écrin de papier glacé. Un film où tout est (presque trop) beau pour un tableau très noir des relations hommes‑femmes.
On ne pourra d'ailleurs pas s'empêcher de penser au plus lumineux Hors de prix de Pierre Salvadori (2006) ou au plus récent The White Lotus saison 2, assez proches par certains aspects mais traités avec plus de modernité et d'espièglerie.