Marvel's the Avengers
Sur le papier, et pour les fans de Marvel, The Avengers, c’est un peu le Graal d’une vie, la reformation des Beatles des super‑pouvoirs, la réunion en un seul film des meilleurs super‑héros de la firme qui, depuis des lustres, font bande à part : Iron Man (Robert Downey Jr), Captain America (Chris Evans), Frank Banner alias Hulk (Mark Ruffalo, et non plus Edward Norton), Thor (Chris Hemworth) et deux agents secrets de l’époque de la Guerre Froide, Barton, interprété par le futur Jason Bourne, Jeremy Renner, et Black Widow, veuve noire incarnée par une blonde fameuse (rousse incendiaire ici), Scarlett Johansson.
On imagine combien, dans cette affaire à plus de 200 millions de dollars, le plus dur fut moins de trouver une intrigue principale (ici, Loki, le frère déchu de Thor, dérobe la source d’énergie durable de la Terre et menace l’humanité de destruction), que de parvenir à faire cohabiter tout ce petit monde en un seul film, sans risquer son éclatement : une séquence pour Iron Man, une autre pour Captain America, une autre encore pour Hulk, etc. Comment mettre côte à côte autant de personnages issus de périodes différents de l’Histoire ? Comment combiner l’esthétique vintage de Captain American et les délires futuristes de Iron Man, la mythologie nordique de Thor et les coups de sang dévastateurs de Hulk ? Enfin, comment faire pour que le film ne se transforme pas en guerre d’ego ?
L’homme qui a dû ‑et su‑ résoudre ce dilemme s’appelle Joss Whedon, créateur de la série Buffy, catapulté en 2011 à la tête de l’un des plus gros blockbusters de l’année. Passé un premier quart d’heure plutôt raté et visuellement décevant ‑le vol du cube « Tesseract » par Loki et ses armées de « predators » enragés‑, The Avengers trouve enfin sa vitesse de croisière jusqu’à un final aussi explosif qu’intelligent dans les rues de Manhattan (où l’on se dit que la retenue des séquences de destruction du cinéma d’action post‑11 septembre n’est plus qu’un vieux souvenir de Hollywood).
Une bonne partie du film se déroule ainsi dans des lieux confinés et vise à rendre crédible le sentiment d’une équipe : à coup de punch lines ironiques, cette bande de super‑ego commence par vider son sac et désamorce toutes les critiques : le côté démodé de Captain America, le dandysme d’Iron Man, traité « d’homme dans un costume », le secret de Bruce Banner pour ne pas tomber tout de suite la chemise verte, tout y passe, et joyeusement, sous l’œil de Nick Fury (Samuel L. Jackson), patron du S.H.I.E.L.D et grand‑père bienveillant de ces freaks chargés de sauver la Terre.
Marvel's the Avengers (pour reprendre le titre officiel) s’achève, on s’en doute, par le face‑à‑face furieux entre Loki et ses hordes de vaisseaux insectoïdes vomis en rasades depuis une porte spatio‑temorelle, et nos Avengers dans les rues de New York, transformées à l’occasion en immense théâtre de guerre.
Aussi réussie que celle de Transformers 3, la face cachée de la Lune était illisible et ratée, la séquence finale de The Avengers trouve un équilibre parfait entre effets numériques et images analogiques, moments d’accélération et de pause, plage de suspense et second degré.
Joss Whedon fait ici preuve d’un sens de l’espace, et donc de l’action, indéniable, et réserve à Hulk les moments les plus drôles de ce combat titanesque. Jusque‑là, seul Iron Man (le film), avait réussi à tirer son épingle du jeu Marvel. Marvel's the Avengers vient de le détrôner : c’est bon pour Marvel et Holllywood (le dernier plan du film laisse la porte ouverte à une suite) et pour ceux qui pensaient qu’un film de super‑héros était forcément un navet. Voici, enfin, un film qui leur prouvera le contraire.
Et pour les aficionados les plus hardcore, ce Blu-Ray livre en toute fin de générique une séquence inédite en salles françaises, muette et d'une dizaine de secondes (dernière photo ci-dessous). Et pour cause, elle fut tournée le lendemain de la Première aux États‑Unis (Joss Whedon a profité de la présence de tous ses comédiens pour leur donner rendez‑vous le lendemain sur le plateau !). Un petit mois plus tard, le film sortait en salles sur tout le territoire US avec la séquence en plus, rajoutée numériquement par les cinémas à la fin du générique (comme une playlist !). Tout ça pour quoi, nous direz‑vous ? Eh bien on y voit nos super‑héros, rincés, en train de savourer un kebab après leurs exploits (cf. invitation lancée par Stark à ses comparses au plus fort de la bataille finale). Dernière info, Chris Evans/Captain America, déjà engagé sur un autre tournage, se tient le visage dans sa main droite pour masquer sa barbe.