Mariage à l'italienne
1964. En plein âge d’or de la comédie italienne, le producteur Carlo Ponti, mari de Sophia Loren, décide de réitérer l’énorme succès de Hier, aujourd’hui, demain (1963) et réunit à nouveau son couple star, Mastroianni et Loren.
Adapté d’une fameuse pièce napolitaine ‑Filomena Marturano de Eduardo Fillipo‑, Mariage à l’italienne brasse plus de vingt ans de la vie tumultueuse d’un couple. Le film s’ouvre dans un immeuble de Naples, tandis que la belle Filomena (Loren) est mourante. Don Domenico (Mastroianni), l’homme qui partage sa vie, est appelé à son chevet et accepte enfin de l’épouser. C’est le début d’un flash‑back qui lève le voile sur les coulisses plutôt sombres de ce « mariage à l’italienne ».
Le film épouse alors le point de vue de Filomena, ancienne prostituée courtisée par un riche commerçant, Domenico, séducteur invétéré et odieux, qui fait d’elle sa maîtresse et domestique. En dépit des revers et des désillusions sentimentales, la jeune femme continue d’espérer qu’un jour, son homme l’épousera.
Après une première partie de carrière marquée par le néo‑réalisme (Le voleur de bicyclette), De Sica s’est ensuite tourné vers le genre roi de l’époque, la comédie italienne, dont ce Mariage constitue l’un des plus célèbres fleurons.
Pourtant, s’il ancre à merveille son récit dans un Naples en plein bouleversement (Vésuve et grues à l’horizon), si Loren et Mastroainni se révèlent prodigieux, De Sica ne possède ni la verve acide, ni l’acuité sociale de ses contemporains, qu’il s’agisse de Risi, de Monicelli ou de Scola. Il suffit par exemple de comparer son film avec Divorce à l’italienne de Pietro Germi, satire féroce sur le statut matrimonial en Sicile réalisé trois ans plus tôt (avec Mastroianni déjà), pour mesurer l’écart entre le savoir‑faire efficace mais polissé de De Sica et la puissance critique de Germi.