Margin Call
2008. Wall Street. Dans une grande banque d’investissement, une charrette se prépare. Eric Dale, un analyste financier (très bon Stanley Tucci), est prié de faire ses cartons. Bureau vidé en quelques minutes et Dale se retrouve dans l’ascenseur.
Mais juste avant de quitter les lieux, il a le temps de glisser à l’un de ses jeunes collègues, Sulllivan, une clé USB contenant des informations sur un dossier en cours. Son conseil (« Fais attention », lui murmure‑t‑il, avant que les portes de ne se referment) suffit à intriguer son collègue qui, le soir‑même, plonge dans les données de Dale. Et sa découverte fait l’effet d’une bombe : les risques pris par l’entreprise ont été grandement sous‑estimés, la faillite se profile. C’est ce qu’on appelle le « margin call », moment critique où il s’agit de remettre l’économie virtuelle au niveau de la réalité.
Aussitôt, son supérieur hiérarchique (Kevin Spacey) convoque sa direction et le grand manitou du groupe (Jeremy Irons). Débute alors un huis clos oppressant où, en une courte nuit, va se jouer l’avenir de la bulle économique de Wall Street.
Flanqué d’une mise en scène sobre et efficace qui colle parfaitement à la froideur de ces financiers qui, du haut de leur tour de Manhattan, vont décider du sort du monde, Margin Call évoque bien sûr la faillite de Lehman and Brothers qui, en 2008, avait inauguré la crise économique dans laquelle nous pataugeons toujours. Mais loin de n’être qu’un film à charge, Margin Call sait trouver son équilibre, tout en nuance, entre requins sans affect dont le pragmatisme amoral effraie, jeunes traders fragiles rattrapés par le principe de réalité, et violence d’un monde qui doit offrir à l’opinion publique des victimes expiatoires (ici une femme, jouée par Demi Moore).
Il y a du Sidney Lumet qui coule incontestablement dans les veines de J.C Chandor et dont on suivra les prochains films avec attention.