Maps to the Stars
C’est l’un des genres les plus prisés du cinéma hollywoodien : le film sur Hollywood précisément, celui qui en dévoile l’envers, les coulisses, le fonctionnement et surtout, celui qui en produit la critique la plus virulente.
De Boulevard du crépuscule à Mulholland Drive, en passant par Le démon des femmes, Les ensorcelés ou The Player, on ne compte plus ces satires passant au filtre vitriolé le petit monde des acteurs, des réalisateurs, des producteurs, et autres fans, tout ce microcosme qui, vu à la loupe, évolue entre panier de crabes et gang de requins.
C’est donc au tour de David Cronenberg de s’attaquer au genre avec Maps to the Stars, du nom de ces cartes bon marché censées guider les touristes vers les maisons des célébrités à Los Angeles.
Le film cale son pas sur une série de personnages que le récit, patiemment et de façon implacable, va relier : une jeune femme fraîchement débarquée dans la Cité des Anges qui trouve un job d’assistante auprès d’une star sur le déclin qui s’avère être prête à tout pour obtenir ce qu’elle croit être le rôle de sa vie (Julianne Moore) ; un gourou imposteur (John Cusak, en sosie de Nicolas Cage) qui vend aux acteurs des méthodes anti‑stress ; un adolescent odieux et raciste qu’un succès, Bad Babysitter, a rendu bankable ; ou encore un chauffeur de limousine (Robert Pattinson) qui attend que s’ouvrent les portes du succès.
Qui a vu les précédents films de Cronenberg, depuis History of Violence jusqu’à son pataud Cosmopolis, ne sera pas étonné par la virulence du propos et la façon dont il décrit cette parade de monstres, obsédés par le jeunisme, l’argent, la superficialité, la richesse, soit une galerie de personnages tout plus odieux les uns que les autres.
Mais si la maîtrise de Maps to the Stars est indéniable, force est de reconnaître qu’elle est mise au service d’un film qui, pour l’essentiel, redécouvre un peu l’eau tiède : la critique de Hollywood et de ses tares ayant été produite, et depuis longtemps, par bon nombre de cinéastes hollywoodiens.
On se demande donc un peu où Cronenberg veut en venir, ce qui l'a poussé à redire tout ce qu’on savait déjà. Le plaisir de filmer Julianne Moore par exemple, exceptionnelle dans le rôle de Havana Segrand ? Peut‑être. Mais il manque au film cette goutte de bienveillance propre aux grandes œuvres critiques, même si dans la dernière séquence, un début de compassion arrive enfin, mais trop tard. C’est toujours la limite de ceux qui filment « contre ».